Il y a des crimes qui ne laissent plus le choix.
Il y a un devoir de dureté que la réalité impose.
Il y a une obligation d’abandonner les fausses querelles et les procès injustes pour se consacrer au seul combat qui doive mobiliser nos démocraties : l’affrontement avec un ennemi qui déteste leurs valeurs et qui est fanatisé par une certaine conception de l’islam et de très mauvais maîtres.
Les mille polémiques et controverses périphériques deviendraient indécentes si elles continuaient à nous détourner de l’essentiel qui est de parvenir à sauvegarder nos principes alors que d’autres ont pour visée exclusive de les détruire.
Paris hier et Copenhague aujourd’hui : c’est la continuation d’une guerre qui a ses méthodes, sa cohérence, sa logique, son rythme et qui va durablement confronter, par la violence et la mort, des démocraties longtemps trop molles à des adversaires persuadés d’avoir, avec le crime et la religion en poupe, le dessus.
Charlie Hebdo, Hyper Cacher, dix-sept assassinats, trois terroristes abattus.
Deux morts et cinq blessés à Copenhague, dans un Centre culturel où un débat avait lieu sur la liberté d’expression et l’islam en présence notamment de l’ambassadeur de France et d’un intellectuel ayant aussi caricaturé Mahomet puis devant une synagogue.
Selon la police danoise, la personne « d’apparence arabe » abattue, après avoir fait feu, serait responsable de ces deux méfaits, vers 15 heures puis minuit. Elle aurait agi par « mimétisme », s’inspirerait de l’Etat islamique et serait connue des services danois (lefigaro.fr).
Il est exclu que cet antagonisme cesse ou même fasse halte dans ses expressions les pires. Les signaux donnés sont clairs, sans équivoque aucune : on ne pourra pas dire qu’on ne savait pas. Contre la liberté d’expression, contre les Juifs, contre la police.
Contre cet équilibre à peu près respecté dans nos Républiques entre les idées, les croyances et les interdictions, entre les libertés intimes de croire ou de ne pas croire, les offenses admissibles, les dévoiements insupportables mais illustrant, même par le pire, notre aptitude à un masochisme honorable, entre les débats vigoureux et les transgressions pénales, entre nous, notre pluralisme, notre diversité, et le pouvoir comme une synthèse s’efforçant de n’être pas trop médiocre.
Contre l’indignation trop humaine ou la pitié. Depuis les assassinats de Paris, un très grand nombres de convertis à la religion musulmane ! (RTL)
Qu’on cesse, devant de tels terrifiants réquisitoires criminels, d’avoir une défense de mauvaise conscience, des plaidoiries humanistes vides de sens, plus préoccupées de démontrer notre intégrité morale et politique que notre efficience réactive et conquérante. Nous ne gagnerons jamais à force de vouloir conserver l’estime ou susciter la bienveillance des massacreurs qui, d’ailleurs, se moquent de ce qu’ils prennent à juste titre pour la chronique de notre mort annoncée et consentie.
Si l’on tient à tout prix à conceptualiser avant de disparaître, l’analyse la plus pertinente est celle de Fabrice Hadjadj qui énonce que « l’islamisme profite de la faiblesse d’une Europe techno-libérale qui a rejeté ses racines gréco-latines et ses ailes juive et chrétienne ».
Cela conduit à mettre au rancart beaucoup de discours et de propos convenus et de poncifs qui, les uns et les autres, ne sont de nature à convaincre que les déjà convaincus, un humanisme destiné aux humanistes, mais n’ont et n’auront pas la moindre incidence sur l’islamisme radical et criminel.
Par exemple, ces assassins n’ont rien à voir avec l’islam.
C’est faux car ils s’en revendiquent et Michel Onfray a lumineusement démontré qu’il y avait le meilleur et le pire dans le Coran. Par ailleurs, et à rebours, des citoyens danois font eux-mêmes un lien puisque certains dénoncent un manque de respect à l’égard des musulmans.
Par exemple, toutes les religions constituent un problème comme Gérald Darmanin l’a laissé entendre avec légèreté.
C’est faux car le christianisme et le judaïsme représentent un exemple et une solution plus qu’une difficulté et le second en l’occurrence est tragiquement ciblé depuis le début du mois de janvier. Dispensons-nous de cette neutralité de façade au profit du constat réaliste que le sang décrète : c’est l’islam qui, aujourd’hui, doit être seul interpellé !
Par exemple, attention aux amalgames et au choc des civilisations.
On n’en est plus là et le souci dominant est moins d’identifier quelques alliés dans le camp de l’ennemi que de vaincre ce dernier.
Les gloses, les commentaires, les vœux pieux, les avertissements, la semonce aux démocraties qui pourraient être tentées de dépasser les bornes – tout cela qui était appréciable dans un monde où l’espoir d’une réconciliation, d’une paix était envisageable ne l’est plus aujourd’hui où deux obsessions, en se nourrissant l’une de l’autre, en s’empoignant partout, vont sans cesse engendrer catastrophes, tragédies et morts en chaîne.
La première, démocratique, ne cédera jamais sur ses valeurs et en pleine connaissance de cause, puisqu’elle ne pourra plus feindre de supposer une seconde la tolérance de l’autre, maintiendra un processus d’absolue liberté et de banalisation du sacré aux effets prévisibles dans la tête d’illuminés étrangers à toute émotion si ce n’est celle de leur sacrifice et de leur martyr.
La seconde, perverse, réactive, avec l’extrême danger de solitudes armées et prêtes à tout, continuera, comme à Paris et à Copenhague, à rendre coup pour coup à une liberté honnie, à une banalisation insultante, à des États mécréants.
Qu’on ne s’y trompe pas : ce n’est plus du conjoncturel qui nous menace mais du permanent. Nos dispositifs de sécurité ne vont pas se dissiper, une fois l’orage passé, car précisément il ne passera pas. Non seulement ils demeureront mais, pour que nos démocraties soient capables de se défendre et, surtout, de sauver leur être même, l’essence de ce qui les constitue irremplaçables, elles devront quitter toute mollesse, se durcir, accepter d’être qualifiées d’autoritaires pour le service de leur honorable cause, laisser les arguties stériles et ceux qui en raffolent au bord du chemin pour tirer toutes les conclusions de Paris et de Copenhague. La force d’un État, sa puissance, son absence de soumission ne seront plus une honte mais une fierté. Mais ce sera à plein temps.
Non, « ils n’ont pas osé recommencer » (Le Parisien). Le recommencement était inscrit dans Paris et, dans Copenhague, il y a déjà un autre sombre avenir.
Un combat de longue haleine. La mobilisation de tous. Et d’abord de ceux qui nous gouvernent.
Se dire Charlie Hebdo ou Danois ne suffit plus.
Gnangnan, nos démocraties seront une proie trop facile. Corsetées et armées, elles ne feront plus rire et on n’y tuera plus comme dans du beurre des journalistes, des juifs, des policiers, des citoyens.
Philippe Bilger
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Son dernier roman
Trois jours, c’est le temps que Frédéric Loriot va passer dans le box des accusés au cours de son procès. Trois jours pendant lesquels la cour d’assises va tenter de déterminer si, oui ou non, il a poussé sa maîtresse dans le vide du haut d’un immeuble. Les témoins se succèdent, les experts tergiversent, les avocats plaident… l’accusé observe, écoute, analyse… et raconte ce procès par le menu : il s’étonne de la désinvolture des jurés, dit sa défiance initiale vis-à-vis de son avocat, raille l’outrecuidance des experts, dénonce la froideur des magistrats… Rien ne lui échappe. Ces 72 heures de débat le mèneront-elles pour trente ans derrière les barreaux ? C’est tout le talent et l’art de Philippe Bilger que d’entretenir le suspense jusqu’à la dernière ligne de ce passionnant roman judiciaire.
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Philippe Bilger est venu passer un week-end au Croisic à l’invitation de son ami Jacques Bruneau, maire adjoint du Croisic en charge de la culture et ancien avocat général près la Cour d’appel de Paris. Philippe Bilger est réputé pour son indépendance d’esprit et il l’a une nouvelle fois démontré en refusant de s’associer à la grande marche du 11 janvier dernier. Dans l’entretien exclusif qu’il nous a accordé, il évoque évidemment l’actualité et il nous parle de son dernier livre, « 72 heures », qu’il présente comme un roman judiciaire où il se met dans la peau d’un accusé.
Extraits de l’entretien diffusé sur Kernews lundi 19 Janvier 2015.
Kernews : Vous aviez commencé à vous faire connaître en évoquant des sujets liés à la justice. Progressivement, on vous a entendu vous exprimer sur la politique, puis sur la culture… Or, on constate que tout est finalement lié à la justice ou la politique…
Philippe Bilger : Jusqu’au mois d’octobre 2011, en tant que magistrat, j’étais soumis à une obligation de réserve et, même en la réduisant au maximum, j’étais tenu de la respecter. À partir de mon départ de la magistrature, j’ai pu en effet aborder tous les thèmes politiques, culturels et sociétaux, qui me passionnent. J’avais déjà commencé à les aborder en qualité de magistrat car le quinquennat de Nicolas Sarkozy permettait de traiter de la justice et de la politique, évidemment…
Vous êtes venu au Croisic à la demande de votre ami Jacques Bruneau pour animer une réunion publique sur le thème « Faut-il avoir confiance en la justice ? » Il y a toujours cette fameuse phrase, très politiquement correcte : « J’ai confiance en la justice de mon pays… »
D’abord, cette réunion avec les Croisicais a été un grand bonheur, un honneur même, parce que j’ai trouvé une salle absolument formidable par la qualité de son écoute et la pertinence de ses interrogations. En effet, à partir du moment où l’affirmation de confiance en la justice est quelque chose de purement formel, comme c’est trop souvent le cas de la part de la classe politique, parce qu’elle-même est très ignorante de la réalité judiciaire, cela ne vaut pas grand-chose. En réalité, si l’on veut bien se pencher sur la justice pénale dans sa quotidienneté, j’ose dire, en tant qu’ancien avocat général, que l’on doit avoir confiance dans la justice et il est grave, de la part du citoyen de base, d’avoir une sorte de populisme hostile et, de la part des élites, de mettre en œuvre un populisme élitiste qui est très dangereux. C’est aujourd’hui dévastateur pour la confiance qui doit être donnée à la justice. Bien sûr, cela dépend en grande partie des magistrats, mais c’est la collusion entre ces deux populismes qui attaquent la justice par le bas et par le haut.
Mais la justice n’est-elle pas en train de prendre le virage des politiques ? Les politiques ne réagissent plus à froid, ils réagissent dans l’instantanéité de l’événement, avec des phrases fortes destinées à tourner en boucle sur les chaînes d’information continue. En matière de justice, on peut avoir parfois le sentiment qu’elle réagit aussi en fonction de la pression médiatique. Par exemple, récemment des jeunes un peu bêtes ont tenu des propos maladroits, cela méritait une fessée ou une leçon d’éducation civique, mais cela s’est traduit par des peines de prison ferme… Donc, on observe bien cette influence du climat…
Je ne suis pas totalement d’accord avec vous. Bien sûr, il y a un climat terrible depuis le 7 janvier. Au fond, la circulaire qui vient réclamer aux procureurs une sévérité pour ces transgressions, je ne la trouve pas en elle-même scandaleuse, même si je regrette que le pouvoir politique, comme vous le dites très bien, soit trop sensible à l’émoi de l’opinion publique. J’aurais souhaité surtout, au fond, que cette circulaire qui réclame rigueur et sévérité de la part des procureurs, de manière très conjoncturelle, ait été appliquée depuis le mois de mai 2012 à l’ensemble des transgressions délictuelles et criminelles, qui sont en augmentation et qui angoissent notre société. Ce n’est pas la rigueur d’aujourd’hui qui me fait peur : c’est le fait que tout à coup, on la demande uniquement pour ces tragédies et ces assassinats et qu’en réalité la délinquance et la criminalité ordinaires, qui agitent et bouleversent nos concitoyens, elles, n’ont jamais fait l’objet d’une telle exigence de rigueur. Je dirais même l’inverse de la part de ce calamiteux Garde des Sceaux !
Vous avez travaillé il y a quelque temps sur le procès de Robert Brasillach. Cela montre aussi que la justice subit une pression qui peut la faire sortir de ce que l’on pourrait penser être la justice…
J’espère que les magistrats, et je n’en doute pas une seconde, ne se laisseront pas dominer par une sorte d’indignation plus publique que juridique. C’est là qu’il me semble qu’aujourd’hui on peut davantage avoir confiance dans la justice qu’à l’époque terrible que j’évoque, où la peine de mort existait, où Brasillach a été fusillé dans les conditions que vous savez. Il me semble qu’il y a tout de même de la part de ce pouvoir politique, depuis le mois de mai 2012, un respect, au moins démocratique, du corps judiciaire. Malgré le déplorable et dévastateur « Mur des cons », j’espère que l’on saura faire la part des choses dans les jugements et les réquisitions, parce qu’il n’y a rien de pire, en dépit de circonstances exceptionnelles et tragiques, que la justice pour l’exemple.
Lorsque l’on parle de la justice, on a souvent une image de dureté : justice, justicier, sévérité, méchanceté… Mais quand on lit vos billets, on constate que vous êtes finalement un amoureux de la liberté…
En effet, la justice pour l’exemple est une catastrophe parce qu’elle appréhende une globalité, alors que la véritable justice est celle qui prend le singulier dans toute sa richesse pour éventuellement l’insérer dans un pluriel social. Mais la justice n’est pas le fait de méchants. La justice n’est pas le fait de gens qui, sadiquement, voudraient sanctionner et envoyer en prison. La justice est faite tout simplement d’êtres, de magistrats professionnels et exemplaires, qui veulent équilibrer, sanctionner, apaiser, consoler ou incarcérer quand c’est nécessaire. Je cite souvent cette phrase de Simenon pour le commissaire Maigret : « J’ai toujours rêvé que mes collègues soient aujourd’hui des raccommodeurs des destinées humaines ». Cela n’exclut pas la sévérité, mais cela conjugue la sévérité avec l’humanité : c’est cela le grand magistrat.
Notre pays a vécu un moment de solidarité nationale très fort, avec des manifestations dans toute la France, mais on s’aperçoit maintenant que les gens ne sont pas allés protester pour les mêmes raisons : ils étaient ensemble, mais pas véritablement ensemble… On observe aussi que le message lancé par la France, au nom de cette liberté que nous défendons, est parfois maladroit avec des conséquences comme des églises brûlées ou l’embarras du Roi de Jordanie, venu manifester contre la barbarie et qui, quelques jours plus tard, se retrouve gêné par la publication de nouvelles caricatures du prophète…
J’ai été autant, voire plus que d’autres, choqué par les assassinats, tous les assassinats, du 7 au 9 janvier. Je n’ai pas de leçons à recevoir sur le plan de la liberté d’expression parce que celle de Charlie Hebdo m’apparaissait orientée et ciblée, alors que pour ma part, très modestement, j’ai défendu la liberté d’expression depuis quarante ans, pour tout le monde et pour toutes les causes, notamment celle des gens qui ne m’aimaient pas. Donc, je ne voyais pas de raison fondamentale à participer à cette fusion républicaine du 11 janvier, qui a eu une ampleur exceptionnelle et dont je reconnais qu’elle semble être suivie d’effets opératoires. En effet, vous évoquez le fait que la liberté d’expression, dans notre pays, doit être considérée comme une exigence fondamentale, notamment à l’égard des idées, mais je serais plus réservé en ce qui concerne les croyances. Je suis très attentif au fait que, même s’il y a la loi et les interdictions qu’elle formule, il me semble que, demain, il faudra peut-être que les porteurs emblématiques de notre liberté d’expression s’interrogent parfois eux-mêmes sur les limites à ne pas dépasser. Je ne dis pas qu’ils doivent le faire, je ne dis pas qu’il est nécessaire qu’ils s’autocensurent en permanence, mais je crois qu’il n’y a pas que la loi pour entraver. Il faut parfois que la conscience des conséquences dévastatrices de ce que l’on accomplit librement imprègne certains esprits.
Vous venez de publier « 72 heures » : c’est la première fois que vous écrivez un roman…
Absolument. C’est un roman judiciaire, j’insiste beaucoup là-dessus, parce que tout naturellement on a tendance à l’insérer dans la rubrique policière. C’est un roman judiciaire parce que j’ose dire, sans aucune prétention, qu’il n’y en a pas beaucoup en France, alors qu’aux États-Unis certains romanciers sont très spécialisés dans le roman judiciaire. Bien sûr, je ne me mets pas au même niveau de ces romanciers… Le terreau de ces 72 heures, c’est la Cour d’assises, avec ses rites, sa fraternité, ses drames, sa vie collective… J’ai eu le bonheur un peu pervers de réaliser quelque chose que parfois j’ai été tenté d’être : être l’accusé, alors qu’en principe je me suis plutôt dressé contre eux pendant plus de vingt ans. Le terreau est la Cour d’assises, mais j’ai tenté d’y mettre un certain nombre d’éléments, avec notamment une fin surprenante… Il m’a toujours semblé que les romans gagnaient à s’insérer dans un cadre technique indiscutable pour y mettre une histoire surprenante, riche, émotive, intelligente si possible, avec des portraits à clés…
Justement, à la fin, vous utilisez certains mots, il y a une scène un peu chaude… Tout cela ne vous ressemble guère…
Si, cela me ressemble… Je vais publier en avril un livre intitulé « Ordre et désordres ». Cela me ressemble absolument, mais il est évident que dans ma pratique judiciaire, je ne pouvais pas mettre sans arrêt au jour les contrastes de ma propre nature. Je développe dans ce roman quelque chose qui a été une grande passion intellectuelle : c’est comprendre autrui et l’obscurité de ces chemins. Je vois bien à quelle scène vous faites allusion, mais probablement elle rejoint un goût profond que j’ai pour les extrémités et les intensités. J’ai moi-même eu la chance de les vivre en étant à la Cour d’assises, qui a été beaucoup moins pour moi un métier qu’une continuation de vie qui aime l’extrémité et l’intensité. Le roman permet d’écrire des choses que la quotidienneté judiciaire et même mon statut d’aujourd’hui ne me permettent pas forcément de dire. Dans les débats médiatiques, il n’est pas fondamental de savoir ce qui réside dans l’obscurité de mon être et le roman permet de dire cela à partir d’éléments autobiographiques, à partir de portraits à clés ou à partir d’une tentative de narrer la vie fabuleuse, fraternelle ou tragique d’une Cour d’assises.
Avec ce roman, on devine que vous vous êtes souvent mis à la place et dans la peau des accusés que vous aviez en face de vous…
Je me suis toujours mis dans la peau de l’accusé pour le comprendre. Cela aboutissait la plupart du temps à des peines qui, j’espère, étaient équilibrées, mais qui pouvaient être extrêmes. Le roman judiciaire répond à quelque chose qui, souvent, est arrivé dans ma tête comme une frustration. Je me disais, en écoutant l’accusé et en voyant le président : « Si j’étais accusé, je n’aimerais pas être dans une Cour d’assises présidée par cette personnalité-là…» J’ai pu me consoler de cette frustration en écrivant ce livre où je me mets à la place de l’accusé. Le gros problème de la justice, vous l’évoquiez tout à l’heure, on connaît le poncif, c’est à la fois une institution et une vertu mais, même quand elle est une institution, il est fondamental que nous ayons des magistrats à la hauteur de cette fabuleuse institution qui doit susciter de l’orgueil et non pas de la vanité, ce qui est une différence radicale.
Ce roman judiciaire, c’est un film idéal !
J’en rêverais parce que, fondamentalement, dans les grands films, je crois beaucoup à la règle des trois unités. Les Américains sont des maîtres dans ce domaine.
Avant de venir au Croisic, vous ne connaissiez pas ce petit port de pêche breton…
C’est un délice, un charme fou auquel s’ajoute une amitié chaleureuse et infiniment généreuse.

Philippe Bilger est venu passer un week-end au Croisic à l’invitation de son ami Jacques Bruneau, maire adjoint du Croisic en charge de la culture et ancien avocat général près la Cour d’appel de Paris.
source: http://www.kernews.com/philippe-bilger-il-faut-parfois-que-la-conscience-des-consequences-devastatrices-de-ce-que-lon-accomplit-librement-impregne-certains-esprits/1223/
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