Archives de juin, 2022

par Eric Kelly Guillon

La France par sa pseudo représentativité du Peuple ne représente que les partis ou nuances et encore … (pas toutes, ni tous) et leurs propres idées qui ne sont pas celles du Peuple : écoutons les pérorer « ils n’exposent que leurs propres idées et non pas celles du Peuple » …. Et leurs idées sont souvent celles du parti ! Et le Peuple dans tout cela ?

L’assemblée telle que constituée pour cette nouvelle mandature (comme toutes ses précédentes) ne peut et ne doit être l’organe représentatif de la Nation et surtout du Peuple

Selon l’hypothèse d’analyse d’une proportionnelle intégrale basée sur le seul 1er tour (le second tour, ici comme dans toute autre sorte d’élection ne repose que sur le vulgaire « maquignonnage » entre larrons en foire, soit disant d’empoigne, et que l’on est loin de la véritable expression du Peuple, puisque seuls les partis ont voix au chapitre). Telle devrait être une élection se voulant représentative et respectueuse du Peuple composant le pays dans sa diversité. Qui ose en parler, voire aborder le problème ?

Où sont les

· 302 représentants des « abstentionnistes » (52,59% des inscrits)

· 4 représentants des « blanchisseurs » (0,74% des inscrits)

· 1 représentant des « nullistes » (0,74% des inscrits)

Les partis s’approprient ainsi 308 sièges qui ne leur « appartiennent » pas

Ces catégories de citoyens sont pourtant des citoyens à part entière (ils paient impôts, taxes, redevances, relèvent des mêmes lois, …. Et sont régis de la même façon que les votant nominatifs (votent-ils réellement en connaissance de cause ? Ceux qui ont voté au second tour des législatives, ne se sont-ils pas égarés dans des votes égoïstes pour leur seul parti, alors qu’il y avait un enjeu majeur : créer un contre-pouvoir absolu pour lequel il fallait savoir dépasser une vision aussi simpliste que « voter contre ». Pour une fois qu’il fallait voter pour quelque chose d’utile au Peuple – ce qui ne veut nullement dire se rallier à certaines idées….)

L’appartenance de citoyens à ce « BAN » électoral est criante de leur état d’âme. Ils ont peur, ils en ont ras-le-bol, ils crient leurs misères (morale, économique, sociale, salariale, politique), etc … mais qui les écoute (réellement) : le Pouvoir, les partis, les élus, les collectivités locales, les médias, vous-même ?

On nous dit qu’ils ne s’expriment pas ! Mais si nous ne les entendons pas c’est que nous sommes aveugles et surtout sourds. Leur silence est audible et significatif de leurs espérances et qu’en faisons -nous ?

Et pour aller plus loin :

Voyez-vous une différence entre :

· S’imaginer vivre avec le Smic (ne parlons pas du seuil de pauvreté)

· Vivre réellement avec le dit Smic (sans aller plus loin)

Si vous oui, eux non !

C’est pourquoi, il serait bon d’institutionnaliser :

1. Que l’ensemble des parlementaires vivent avec le Smic pendant la première année de leur mandat.

2. La différence entre les indemnités cumulées – parlementaires et de représentativité = 12 000€ mensuels – et le Smic étant récupérable :

a. sur le nombre de mois correspondants à la durée restante du mandat

b. payable de suite au cas d’élection anticipée

3. que les députés soient indemnisés :

a. au prorata de leurs scores par rapport aux inscrits au 1er tour (indemnités de base et IUFM du meilleur score de l’ensemble des députés – base 100 – multiplié par le score personnel par rapport aux inscrits)

b. pour les députés ayant obtenu moins de 12,5% des inscrits (voir à ce sujet le code électoral), leur indemnités cumulées ne pouvant dépasser 1,5 fois le smic durant toute la durée de leur mandat. Combien seraient concernés pour cette mandature qui commence et quelle économie pour le Peuple (car c’est lui, et non, l’état qui paie,

c. demander pour obtenir le fichier des « nouvelles indemnités 2022» que le Peuple pourrait consentir à leurs présupposés représentants, dans la mesure où, effectivement, le Peuple prend et veut prendre, son destin en main. S’il reste moutonnier qu’il se dispense de cette demande de document, analyse et conclusions qu’il pourrait en tirer (car il y en a, même, au-delà des miennes).

Trouvez-vous normal que :

L’assemblée nationale ne soit qu’une chambre d’enregistrement des volontés du pouvoir ?

· 95% de son travail consiste à « valider » les désidératas de l’Élysée (et donc d’une seule personne qui fait présenter par ses ministres – secrétaires particuliers – des « projets de loi », soumis aux députés qui vont jouer leur partition réciproque en soutenant en vertu de la discipline de parti. (Ce qui veut dire qu’un député n’est pas maître de ses choix et donc où est sa fonction de vous représenter ?) ou contrant, sous formes d’amendements répétitifs et surtout nombreux, parfois jusque 5 000 pour un texte de loi.

· Les 5% restants, représentent l’étude des « propositions de loi » selon le bon vouloir des parlementaires (pardon, lobbies)

· Où sont et que sont les si fameuses volontés du Peuple ? Qui les aborde, qui les soumet, qui s’y intéresse ?

Et la constitution dans tout cela ! Est-elle respectée ou contournée !

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SHANGHAI – Une manifestation prévue par des centaines de déposants bancaires dans le centre de la Chine, qui souhaitaient avoir accès à leurs fonds gelés, a été contrecarrée parce que les autorités ont fait passer leurs codes sanitaires au rouge, ont déclaré plusieurs déposants à Reuters.

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Lorsque les Nations Unies ont publié en mai 2022 leur « Bilan mondial sur la réduction des risques de catastrophe » (GAR2022), l’attention du monde entier s’est portée sur le sombre verdict qui indique que le monde connaît actuellement une tendance à l’accélération des catastrophes naturelles et des crises économiques. Mais pas un seul média n’a relevé le problème le plus important : la probabilité grandissante d’un effondrement de la civilisation.

Enfouie dans ce rapport, qui a été approuvé par le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, se cache la conclusion que les synergies toujours plus fortes entre les catastrophes, les vulnérabilités économiques et les défaillances des écosystèmes augmentent le risque d’un scénario « d’effondrement mondial ».

Il semble que ce soit la première fois que les Nations Unies, dans une conclusion brutale, publient un rapport mondial phare indiquant que les politiques mondiales actuelles accélèrent l’effondrement de la civilisation humaine. Pourtant, cet avertissement urgent n’a pas été diffusé jusqu’à présent.

Le rapport ne laisse pas entendre que cette issue est inévitable pas plus qu’il ne précise dans quelle mesure nous sommes proches de cette possibilité. Mais il confirme que, sans changement radical, c’est bien vers cela que le monde se dirige.

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par Kelly Eric Guillon

La France représentative de ce qu’elle veut et uniquement cela !

Ils ont voté la fin du « pouvoir méprisant », en envoyant au turbin une nouvelle physionomie qui à peine élue se disloque, preuve que quelque chose va très mal en ce si bon royaume de France qui n’a qu’à se glorifier de ses monarques successifs depuis le vent de la révolution de 1789.

Du régime à venir : celui de la chienlit !

Les études menées le sont à partir des bases d’informations centralisées par Beauvau et diffusées, officiellement, par le ministère de l’Intérieur.

Force est de constater le flou informationnel offert en pâture aux curieux !

On ne sait qui est qui et à quel réseau d’influence politique il appartient, réellement, et quand on arrive, après beaucoup de recherches, à affiner un peu plus l’information (qui devrait depuis Beauvau, être claire et précise), on réalise avec stupeur que l’opposition n’est pas celle que l’on croit et surtout celle que l’on nous dit. En effet, les « majorités » décortiquées, en leur plus simple expression donne le RN comme principal opposant à Macron avec 3 589 465 voix contre 8 002 419 (qu’il faudra bien ventiler entre Rémistes, Modemistes, Horizontalistes et Radicalistes) ce qui donne 89 sièges contre 107 aux rémistes (101 sièges de moins qu’en 2017)

Ne vaudrait-il pas mieux pour le « pouvoir », qui n’en est plus un, d’introniser la Marine (nationale) au Panthéon « matignonien », afin d’avoir enfin sa majorité absolue :

· Ensemble : 245 sièges

· RN : 89 sièges

Soit 314 sièges (pour nécessaire : 289)

Faute de quoi il va falloir naviguer à voile ou à vapeur, en fonction des sujets (bons ou mauvais) à aborder, avec des « majorités de circonstance » dont chacun sait la vénalité à naître et surtout à peaufiner au fur et à mesure des compromissions. Exit la tranquillité qui faisait sa morgue.

« T’as voulu voir Jean-Luc et t’a eu Marine…. ». C’est le jeu mal renégocié des 7 familles.

En tout cas la Marine est en droit d’exiger la Présidence de la commission des finances, tel que prévue par la réforme constitutionnelle de 2008…. Avec possibilité d’avoir accès à tous les comptes (et surtout les mécomptés) des particuliers (particuliers) et des boites, entre autres….

Mes travaux d’analyse entrepris (en réattribuant ce qui appartient à chacun) pour rétablir cette vérité « traficotée », avec la réalité froide et crue des urnes vont permettre, dans le temps de :

-La ventilation des groupistes avec retour dans leurs écuries de base (NUPES et Ensemble, …) pour comparer le dysfonctionnement général de l’élection législative (déjà la plus injuste des élections et surtout la moins représentative de la réalité. Exit la réelle représentativité, les soit-disant représentants du Peuple, ne représentent plus que des partis quand ce n’est pas plus simplement le Pouvoir dans ses différents aspects.

-Écarts cumulées entre les deux « vainqueurs » du 1er tour avec mesure

-Des voix manquantes pour faire le grand chelem de toutes les circonscriptions où le parti était présent et surtout dans les deux premiers (aptes au second tour)

-Des voix manquantes pour être effectivement au second tour

-etc, etc…

Ainsi la NUPES en métropole a marqué un écart de 991 338 voix ( 4,39% des inscrits cumulés dans les circonscriptions où il était en course avec un challenger pour le second tour)

-L’analyse des différents duels avec là encore les écarts cumulés de voix (pour l’ensemble des circonscriptions où le duel existe entre deux partis)

-L’analyse des 15 à 30 circonscriptions où les écarts entre deux duettistes sont les plus petits ‘au regard desdits écarts par rapport aux inscrits des dites 15 à 30 circonscriptions.

-Bien d’autres analyse qui me viendront à l’esprit ou que vous souhaiteriez voir aborder (indiquer vos pistes de recherche)

Ma particularité : je n’analyse pas de façon classique. J’ai de souci de tenter de dénicher la vision différente qui éclaire d’un jour nouveau le regard que l’on peut porter sur la chose publique (puisque telle est la définition de la politique : vie de la cité et à plus forte raison du pays). Si vous recherchez le classicisme ne vous arrêtez pas ici (lieu réservé aux gens qui aiment et recherchent à sortir des sentiers battus. Je n’ai pas de diplôme de statisticien. Je me suis créé celui de « chercheur de vérités »

Mes maîtres mots en matière politique :

· BAN (Blancs + Abstentions + Nuls)

· % par rapport aux inscrits (et non par rapport aux exprimés, qui n’ont plus aucun sens avec des BAN électoraux supérieurs à 50% – 55% pour ces dernières législatives 2022). C’est le seul moyen de mesurer le poids d’une idée politique dans le pays (on devrait élire en un seul tour et à la proportionnelle pour chaque élection).

Alors que pour les spécialistes c’est % par rapport aux exprimés, victoire relative pour parler d’une défaite. Pour moi, un chat est un chat et un lapin historique, un lapin !

En connaître beaucoup plus sur les variétés d’analyse hors normes sur « launedekeg » !

Toutes informations complémentaires en écrivant à guilke2@gmail.com

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Par Christine Deviers-Joncour

J’entendais leurs délires, loin d’imaginer qu’ils iraient jusqu’au bout de leur folie

Je les ai vus, à l’époque, se goberger, s’empiffrer sur le dos du peuple. Je les ai vus, les yeux plus gros que le ventre, piller et se goinfrer. Se donner des lettres de noblesse factices que leur position et leur pouvoir leur conférait. Je les ai vus bomber le torse et de leur petite hauteur, mépriser le peuple en donnant au château de Versailles des fêtes royales pour célébrer dignement l’arrivée au pouvoir du nouveau « monarque ».

Les cortèges de voitures officielles comme autant de carrosses et les garden-parties de ces nouveaux parvenus.

J’ai vu les épouses et leur marmaille jouant à Marie-Antoinette sans vergogne sous les lambris, dont le passe-temps se limitait à organiser des dîners fins entre amis et visiter le ‘Mobilier national’ comme on va chez Ikea. Gratuit ici. Surtout quand on omettait de restituer pièces d’art et meubles d’époque. Je les ai vus et j’ai payé très cher pour avoir été témoin, n’étant pas du sérail…

J’ai vu les caisses noires des ministères exonérées d’impôts, les frais d’intendance éhontés enfler, chauffeurs et gardes du corps à vie et retraites cumulées replètes, retro-commissions sur des marchés d’état, des avions équipés comme des palaces volants, des jets sur le tarmac prêts à décoller au moindre caprice ou quand tsunamis, tremblements de terre et autres catastrophes permettaient d’appeler les hordes de photographes, après être passé en vitesse chez le coiffeur et le couturier branché, pour se faire immortaliser au pied d’un jet avec un sac de riz sur le dos.

J’ai vu des soutes en provenance d’Afrique garnies de billets de banque et des coffres de voitures transformés en caverne d’Ali Baba pour distribution d’argent à grande échelle, des contrats d’État passés aux mains des filous, des comptes bien cachés dans des pays aux lagons bleus, (…). J’ai vu un avion avec une croix rouge sur son flanc porter secours à des populations africaines affamées en leur tirant dessus, et j’ai même vu certains crocodiles bouffer de malheureux témoins encombrants et d’autres tomber des fenêtres, arrêts cardiaques et cancers fulgurants. Un monde aux mains de la Finance Internationale, Bilderberg, Nouvel Ordre Mondial criminel, FMI, GAFAM etc, pour maintenir, verrouiller le système, protéger une élite et asservir les peuples en les abrutissant et en les dépravant en inversant les valeurs ! Nous leur donnons une once de pouvoir et ils perdent tout sens commun.

Et plus on monte dans la hiérarchie, plus ils s’en donnent à cœur joie, perdent le sens des réalités et franchissent allègrement et sans états d’âme l’inacceptable. Et au plus haut niveau de la pyramide ils n’ont plus rien d’humain. Ce sont des monstres.(…) Le pouvoir, aphrodisiaque suprême, les déshumanise ? Et le fric, moteur essentiel à toutes ces dérives… Comment osent-ils se poser en donneurs de leçons, parler de probité, d’intégrité, de franchise, quand se multiplient leurs égarements et que les affaires de corruption et autres méfaits les éclaboussent ? (…)

Soumission

Nous sommes devenus un immense peuple de moutons à tondre, tandis que la démocratie n’existe plus depuis longtemps, et tout dépend maintenant du pouvoir de résistance et de révolte des peuples. La mise en esclavage des populations est passée à la vitesse supérieure avec cette « pandémie covid » en créant la PEUR. Et les grands argentiers de la planète et leurs marionnettes nous font clairement comprendre que seuls comptent leurs profits, que le bien-être des citoyens n’a aucune espèce d’importance. Nous sommes tous sacrifiés sur l’autel des profits. Depuis ces dernières décennies tout fut mis en œuvre pour leurs profits. Et la télévision et les médias aux ordres ont participé à cet abrutissement de masse qui nous a conduits à l’impuissance en nous lavant le cerveau. Je veux pourtant rester optimiste.

Nous sommes à un changement de civilisation.

Il est urgent que tous les citoyens se réveillent et reprennent en main leurs pays, leur souveraineté et éliminent cette vermine financière afin de réinjecter dans les caisses des états pour le bien collectif, les incroyables fortunes détournées par une poignée de mafiosi sans foi ni loi et dangereux. Il faut bien prendre conscience que, quels que soient votre bord politique ou votre conception de la vie, si vous ne faites pas partie de leur élite, vous serez broyés.

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L’évaluation présentée ici se base sur les données de 2021 et répertorie 115 pays

Il est frappant de constater que la corruption est très limitée en Europe du Nord. Ainsi, la France se trouve également à la meilleure extrémité de l’échelle, à la 21e place, tandis que le Soudan du Sud ferme le tableau.

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L’agression.

A mon retour de vacances, début janvier 2010, j’étais devenue aphone. J’avais été contaminée par un virus habituel à Cotonou. C’était très handicapant au quotidien et je consultai mon médecin-traitant à plusieurs reprises. J’en informai ma hiérarchie et plus particulièrement le nouveau COCAC et son adjoint.

J’avais des rapports cordiaux avec la collègue dont je partageais le bureau depuis mon arrivée au sein de l’ambassade, une Béninoise recrutée locale, mariée à un franco-béninois.

Toutefois, en ce début d’année, je relevais une certaine agressivité de sa part, que j’imputais sans y prêter attention à mon impossibilité de communiquer par oral et donc de répondre aux appels téléphoniques.

C’est dans ce contexte que cette collègue me reprocha de ne pas avoir répondu au salut d’un jeune Béninois. Je ne l’avais pas entendu entrer dans notre bureau car j’étais absorbée par la préparation d’un dossier. Elle m’accusait d’avoir manqué de courtoisie. Du coup, ma collègue se murait dans une attitude renfrognée, me considérant désormais avec une certaine hostilité. Je n’y prêtai pas une attention particulière, absorbée par ma charge de travail. Ma collègue évoqua cette situation une semaine plus tard auprès de nos supérieurs, le COCAC et son adjoint, et j’étais alors amenée à donner toutes explications à ces derniers (toujours par écrit à cause de mon aphonie) et à contester le bien-fondé des reproches formulés à mon égard. Je rédigeai un courrier électronique en m’expliquant, m’étonnant de la démarche et du comportement de ma collègue de bureau.

Le lendemain matin, 14 janvier 2010, après que j’eus rejoint mon bureau à l’ambassade, ma collègue me reprocha le contenu de cet email adressé à nos supérieurs. Je répondis alors (toujours par écrit puisque je ne pouvais parler) que je ne l’avais nullement insultée comme elle le prétendait.

C’est dans ces conditions, venant à peine de m’asseoir à mon bureau pour reprendre mon travail que je la vis se lever, contourner son bureau, saisir un cintre accroché à la porte d’entrée avec lequel elle me frappa à la tête tout en m’agrippant par les cheveux. Elle me plaqua alors contre des étagères et chercha à me crever les yeux avec un objet pointu. Pour me défendre, je ne pus que fermer les yeux de toutes mes forces et mordre au hasard. Alors, ma collègue me serra le cou, ce qui entraîna un étouffement. Je commençai à perdre connaissance et je me sentis mourir.

C’est à ce moment que l’étau sur ma gorge se desserra: un homme d’entretien venait d’entrer dans le bureau car il avait entendu un bruit anormal. Il s’y prit à trois fois pour me délivrer.

J’étais par terre, à demi-consciente. En reprenant mes esprits, bien qu’encore dans le vague, je reconnus me regardant, l’ambassadeur, le COCAC et son adjoint. Un gendarme de l’ambassade traversa le bureau en courant et vint à la rescousse pour maîtriser mon agresseur.

Je fus emmenée à un cabinet médical voisin où le médecin établit un certificat de coups et blessures et prit des photos de mes blessures. Il me fut prescrit un premier arrêt de travail de 8 jours, suivi de prolongations (au total je serai arrêtée cinq mois dont deux mois d’hospitalisation en France). Pour sa part, ma collègue déposait plainte au commissariat de Cotonou pour un doigt mordu et un ongle cassé par ma faute pendant l’agression (10). Elle soutenait m’avoir simplement menacée d’un cintre (version radicalement incompatible avec mes blessures).

Et je me suis trouvée confrontée à la situation suivante:

Des représentants de l’ambassade venaient quotidiennement à mon domicile pour évoquer mon renvoi immédiat en France sans autre forme de procès. L’ambiance était tendue : les convocations au commissariat de Cotonou qui m’étaient transmises via l’ambassade me parvenaient soit avec des jours, soit avec des heures de retard, pour aboutir finalement à une transmission de main à main avec l’irruption à mon domicile d’un commissaire de police accompagné d’un homme armé (11).

J’étais toujours dans un état de choc consécutif à l’agression.

Je découvrirai l’explication à tous ces événements plus d’un an après les faits, à la fois et simultanément, par la presse spécialisée et par la défense du ministère des Affaires étrangères devant le tribunal administratif de Paris amené à justifier mon renvoi brutal en France et ma mutation d’office. La Lettre du Continent, une lettre confidentielle spécialisée sur l’Afrique, l’explique en rapportant l’incident en mars 2011 : «  Pour qui ne la connaît pas, l’ambassade de France au Bénin est l’une des plus agréables en Afrique. Idéalement située au bord du littoral, entre brise marine et odeur de brochettes, le bâtiment bordé de jardins est plutôt spacieux au regard de l’intérêt géopolitique de ce pays pour Paris. Mais le 14 janvier 2010, c’est plutôt jour de guérilla à la chancellerie! Retour sur les faits. Dans la matinée, une violente altercation est survenue entre la vice-consule, Madame X, en poste depuis 2008, et une collègue béninoise partageant le même bureau, Madame Y. Hurlements, insultes, claques, coups de cintre sur la tête, étranglement… . Les deux femmes sont séparées par le gendarme de l’ambassade. La diplomate qui affirme avoir été agressée en raison de l’hostilité de sa collègue à son égard, tombe à terre, à demi-inconsciente. Elle obtiendra deux mois d’arrêt de travail en France où elle sera également hospitalisée. Employée sous contrat local, la ressortissante béninoise explique pour sa part avoir été mordue à ma main. Elle portera plainte le lendemain. Mais l’incident a rapidement pris une tournure diplomatique. Car (la ressortissante béninoise) n’est pas n’importe qui : c’est une proche de Marcel de Souza, beau-frère et directeur de campagne de Yayi Boni » (12) , le président du Bénin alors candidat à sa réélection.

Dans un autre numéro, La Lettre du Continent précisera qu’elle « est la mère d’un enfant né d’une relation hors mariage avec Marcel de Souza, actuel ministre du Plan, qui est par ailleurs le beau-frère des présidents béninois, Thomas Boni Yayi, et togolais, Faure Gnassingbé » (13).

Tout le monde savait, sauf moi. Et j’étais pour le ministère « la » responsable de l’agression. Une semaine après les faits, le 21 janvier 2010, une lettre de l’ambassadeur était apportée à mon domicile. « Le 14 janvier dernier au matin, un grave incident est intervenu entre vous-même et un autre agent de cette ambassade. Depuis cette date, cet évènement qui mobilise quotidiennement plusieurs de mes proches collaborateurs et moi-même, a suscité une forte émotion au sein des personnels de cette ambassade, mais aussi des autorités béninoises ». L’ambassadeur précisait qu’une intervention du premier conseiller avait évité, le matin même, que la police ne m’interpelle à mon domicile pour être interrogée. Je fus informée que la décision de mon rappel en France avait été prise. « Il s’agit d’une mesure conservatoire, prise dans votre intérêt et visant à prévenir une mesure d’expulsion du territoire béninois qui pourrait être prise à votre encontre; en revanche, elle ne suspend pas les éventuelles suites judiciaires de cette affaire ». Dès le lendemain, je quittai le Bénin à bord d’un vol Air France, sans être en état de faire moi-même ma valise, en abandonnant tous mes biens, en perdant un an de loyers déjà versés.

Un télégramme diplomatique de l’ambassadeur, daté du 5 février 2010, confirma la proximité de mon agresseur avec le pouvoir béninois et précisait que l’agression avait agité en haut lieu : « Le ministre [de la Justice, de la Législation et des Droits de l’Homme] a souligné le fait que cet évènement avait suscité une vive émotion dans différents cercles proches du pouvoir, au regard de la qualité de la personne impliquée [ma collègue] et de son état après l’incident ». Selon le récit qu’en livre l’ambassadeur, le ministre aurait avancé « qu’il convenait de traiter cette affaire avec discrétion, car ni le Bénin ni la France n’avaient à y gagner ».

«Une « discrétion » efficace puisque dans ce même télégramme diplomatique, l’ambassadeur soulignait que « dans un pays où il est facile pour des raisons « alimentaires », de faire paraître des articles de presse, je note qu’aucune information relative à cette affaire n’a été diffusée à ce jour ». Mais c’est à la fin de ce télégramme, dans la partie réservée aux commentaires, que le diplomate fit part de son soulagement… que cette affaire ne soit pas venue polluer une visite de Carla Bruni-Sarkozy au Bénin. « Son départ (de Madame X.), écrit l’ambassadeur, a par ailleurs empêché l’apparition d’un « irritant » dans nos relations bilatérales et la diffusion dans la presse locale d’une version des faits qui nous aurait été défavorable (à quelques jours de la visite au Bénin de la première dame de France)». Le passage de l’ancien mannequin à Cotonou, les 26 et 27 janvier 2010, en tant qu’ambassadrice du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, put donc se dérouler sans encombre (14) »

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J’étais définitivement écartée de mon poste : « l’empêcheuse de tourner en rond » était éliminée. En France, dans les heures suivant mon retour, j’étais admise au service des urgences d’un hôpital.

Au total, les suites de l’agression entraîneront cinq mois d’arrêt dont 43 jours d’hôpital, des années de traitement.

La Direction des Ressources Humaines du ministère des Affaires étrangères me mettra d’emblée en position de coupable :

– sans m’accorder le bénéfice du droit d’être entendue par un conseil de discipline que je réclamai puisqu’il était sous-entendu que j’étais l’agresseur ;

– en me retournant mes factures d’ambulances et autres au motif que c’était à moi de « prouver (que je n’avais pas) initié le combat ou pris une part active » (15) , en niant la gravité des conséquences de l’agression qualifiées de « bénignes », de simples « griffures » qui ne méritaient donc par une procédure de reconnaissance d’accident de service (16) ;

– en s’exonérant de toutes ses obligations légales: pas de déclaration de l’agression au Comité d’Hygiène de Sécurité et des Conditions de Travail (CHSCT), pas de reconnaissance de l’accident de service, pas de protection fonctionnelle, etc.

Depuis, il m’est appliqué avec constance ce que l’on m’explique être « la politique du noeud coulant » au mépris de la loi relative aux droits et obligations des fonctionnaires (17) qui organise leur protection par leur administration (et « accessoirement », au mépris de la protection diplomatique et de la protection consulaire due à tout citoyen français à l’étranger).

Tout cela ne peut que me donner à penser qu’il existe une volonté de mon administration de faire en sorte que cette agression soit non existante (de l’étouffer). La Lettre du Continent, déjà citée, s’en étonnera: « Depuis son retour en France, cette fonctionnaire n’a, curieusement, été entendue par aucune commission de discipline du ministère des Affaires étrangères. Elle n’a pas davantage été sanctionnée ou mise à pied pour faute. Alors ? Son cas, qui a fait l’objet de la préface de l’ouvrage de Franck Renaud « Les diplomates. Derrière la façade des ambassades de France » est sensible » (18) du fait de la condition sociale de l’amant de son agresseur…

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10 – Sa plainte disparaîtra peu après du commissariat de Cotonou

11 – Mon avocat béninois dénoncera les obstructions de l’ambassade par courrier du 19 janvier 2010 adressé au commissaire concerné. Il ne réussira à déposer ma plainte au Bénin qu’un mois et demi plus tard.

12 – La Lettre du Continent, n°608, 24 mars 2011.

13 – La Lettre du Continent, n° 624, 1er décembre 2011

14 – Extrait de « Les diplomates. Derrière la façade des ambassades de France », de Franck Renaud, Nouveau Monde éditions, juin 2011, page 13.

15 – Courrier de la DRH du 8 avril 2010.

16 – Mail de la DRH du 18 février 2010.

17 – Loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et obligations des fonctionnaire

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Le piège

Un matin de juin 2009, l’adjoint du COCAC m’appela à mon domicile pour me donner l’ordre de me rendre au cabinet du médecin de l’ambassade. Ce dernier m’avait reçue la veille car j’avais été prise d’un accès de fièvre dû au paludisme. Que du très banal au Bénin. J’en fis la remarque mais l’ordre était « un ordre » formel. Le médecin de l’ambassade m’expliqua alors que je ne souffrais pas d’une banale crise de paludisme mais que, à la réflexion, « des parasites étaient en train de détruire mes systèmes lymphatique et sanguin » et que je devais être hospitalisée et rapatriée en France. C’était une question de vie ou de mort. En pleine crise de paludisme, et il était médecin, son avis par nature faisait autorité. Il n’y avait pas lieu dans un tel cas d’aller solliciter un deuxième avis (6). J’acceptai d’être rapatriée sanitaire en France et consultai notamment le service des maladies infectieuses de l’hôpital de ma ville. Trois semaines plus tard, je me retrouvai donc à Paris, dans un bureau du ministère des Affaires étrangères face au médecin de prévention pour lui apporter toutes mes analyses, lesquelles attestaient que je n’avais traversé qu’une crise de paludisme, banale.

Et là, ce fut pour moi la stupéfaction. Le médecin du ministère me déclara sévèrement que l’ambassadeur avait motivé mon rapatriement par « une tentative de suicide ». Or, je n’avais pas de problème : je me trouvais bien au Bénin, je me trouvais bien dans mon activité, je gagnais bien ma vie, je me pacsais le mois suivant; ce que je lui dis… et il me fut répondu: « Madame, je ne suis pas policier. Si je dois croire l’ambassadeur ou vous, je crois l’ambassadeur ». Très vite, je me heurtai à un mur de la DRH du ministère qui refusait de considérer les certificats des médecins rennais, notamment hospitaliers, lesquels m’avaient jugée en parfaite santé. Le ministère faisait état brusquement de problèmes psychiatriques. Je découvris que le médecin de l’ambassade m’avait inventé de faux « antécédents psychiatriques » datés de ma prise de fonctions un an plus tôt… Je commençais alors à entrevoir les pièces d’un puzzle. Plus tard, je découvrirai des documents écrits par l’ambassadeur me discréditant de façon grossière. Ainsi, mes vacances méritées de l’été 2009 tournèrent à la course aux avocats. Malheureusement, je ne pris pas garde à une réflexion (qui s’avèrera prémonitoire) du médecin de prévention qui me dit: « si vous retournez à Cotonou, vous allez vous faire tuer ». Des amis s’alarmaient pourtant aussi… Septembre 2009, après ou grâce à, la saisine en référé du tribunal administratif de Paris, je rentrai à Cotonou au plus vite. Il y avait eu un changement majeur dans l’organigramme de l’ambassade : le Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle tant humilié publiquement par l’ambassadeur avait été remplacé. La personnalité du nouveau conseiller était à l’opposé de celle de son prédécesseur. De délétère, l’ambiance dans le service devint violente. Le nouveau COCAC ne formulait à mon encontre que des observations infondées, me reprochant ainsi l’octroi d’une bourse de stage sans autorisation alors que celle-ci avait bien été donnée, etc. Mon travail était continuellement dénigré par ma nouvelle hiérarchie, de même que mon attitude. Ainsi, le nouveau conseiller me reprocha ma présence à une conférence – alors que j’y avais été invitée à titre personnel par ses organisateurs – avec une violence telle que, de France, mes avocats jugèrent nécessaire d’intervenir sous la forme d’échanges de recommandés pour en garder la trace avec communication à la DRH du ministère, laquelle était prise à témoin par ma nouvelle hiérarchie. De facto, ma nouvelle hiérarchie me retirait mes tâches et les moyens nécessaires à l’accomplissement de mes missions, me cantonnant à des tâches subalternes, sans lien avec les fonctions que j’exerçais initialement pour lesquelles j’avais été missionnée et reconnue compétente.

Les dossiers fantômes

Clairement, j’étais sanctionnée et mise à l’écart du service. Les dossiers dont je devais assurer la mise en œuvre et le suivi étaient désormais confiés à une employée béninoise de recrutement local. Ces dossiers étaient à l’évidence des « dossiers fantômes » : ils n’étaient plus signés par leurs « bénéficiaires », ils ne comportaient aucun des justificatifs nécessaires aux dossiers d’invitations, de missions, aucun contact, etc. Je ne réussis à identifier que deux bénéficiaires non fantômes. Ceux-là apparaissaient également sous une forme codée pour que les crédits soient consommés deux fois pour un même stage. Il s’agissait tout simplement de créations de dépenses fictives (7) apparemment de façon systématique. Les bases de données que j’avais mises en place à mon arrivée le démontraient sans ambiguïté.

Parallèlement, les menaces à mon égard se faisaient plus précises.

Cotonou, bien que capitale économique du Bénin, garde des caractéristiques de village. Au sein d’une communauté donnée, tout le monde se connaît. En l’espace d’une semaine, une dizaine de personnes vinrent me rapporter un projet qui se tramait contre moi à l’ambassade, avec toujours la même expression peu courante de «viol commandité ». Le raisonnement était simple : puisque l’ambassade(ur) n’avait pas réussi à m’écarter de mon poste, eh bien, « on allait (me) dégoûter du pays» . Je prévins mes avocats français par mail de ces menaces (identité d’au moins une des personnes ayant tenu ces propos, les circonstances, coordonnées de deux des personnes m’ayant mise en garde)8. Il y eut deux tentatives d’intrusion nocturne à mon domicile. L’inquiétude était telle parmi mes amis béninois qu’ils se relayaient pour me raccompagner le soir.

Novembre et décembre se passèrent, toujours dans une atmosphère tendue. Les violences verbales et écrites du nouveau COCAC étaient quotidiennes.

A Paris, mon syndicat découvrait a posteriori dans mon dossier administratif un tableau sans appel que l’ambassadeur avait dressé de moi. Quatre mois après ma prise de fonctions, le 10 novembre 2008, il avait signé un télégramme diplomatique pour signaler à la DRH que « depuis (mon) arrivée en poste en juillet dernier, (j’avais) fait montre de sérieux problèmes d’adaptation aux conditions de vie dans un pays en voie de développement ». L’ambassadeur ajoutait que « si (ma) façon de servir … n’appelle pas de commentaires particuliers par sa hiérarchie directe, mes collaborateurs sont souvent sollicités pour lui apporter écoute et assistance, car elle semble vivre les tracas de la vie quotidienne comme une succession de persécutions ». Je saisis alors mes avocats, expliquant que les deux fois où j’avais demandé une intervention, elle avait été justifiée9. Mais le télégramme diplomatique (comportant également des considérations d’ordre médical) figurait désormais dans mon dossier administratif au ministère. J’en demandai le retrait devant la justice administrative.

6 – Coïncidence ? Mon médecin-traitant au Bénin venait de rentrer en France pour ses vacances

7 – Mail à mon correspondant PRISME en administration centrale du 14 décembre 2009 (PRISME est un logiciel de gestion interne au ministère

8 – Mail précité du 18 octobre 2009.

9 – Cf. note 4.

à SUIVRE

Tout le témoignage :

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Lanceur d’alerte au ministère des Affaires étrangères

« Si tu ne parles pas, tu meurs. Si tu te tais, tu meurs. Alors, dis et meurs », cette citation d’un poète algérien (1) trouve à s’appliquer à la situation professionnelle à laquelle je suis confrontée.

Mourir ne fait a priori pas partie de mes intentions, mais je me bats depuis 2010 pour faire reconnaître ce que je vis comme une profonde injustice. Pour cette raison, j’ai décidé de témoigner. Je considère être triplement victime de mon administration: d’une part, d’une tentative d’assassinat en janvier 2010 commise par une employée locale dans les locaux de l’ambassade de France au Bénin; d’autre part d’un harcèlement moral de la part de ma hiérarchie d’alors; et enfin, de l’acharnement de mon administration depuis, à m’appliquer « la politique du nœud coulant ».

En 2000, j’ai intégré le ministère des Affaires étrangères par concours externe. Deuxième au classement sur plus de 2000 candidats, mais c’était sans compter sur l’attitude de la Direction des Ressources Humaines (DRH) de ce ministère qui, lorsque je fus en situation de postuler sur un poste à l’étranger, me fit savoir que j’avais « intégré le ministère trop âgée (39 ans), et qu’en outre, (j’étais) une femme, et les femmes, on n’en veut pas dans tous les postes ». J’eus beau mettre en avant mes compétences: une licence d’anglais, un bon niveau d’espagnol, des années de japonais… Rien n’y fit, ni même l’intervention de ma hiérarchie d’alors qui m’avait inscrite de sa propre autorité à la préparation du diplôme professionnel interne, le Brevet d’Administration Consulaire Appliquée (BACA), considéré comme le B.A.-BA de tout agent du ministère des Affaires étrangères, préparation dont je fus radiée par la DRH dès qu’elle eut connaissance de ma présence aux cours. Dans les années qui suivirent, je me heurtai à la même obstruction. Ce n’est qu’en 2006 que, sous la pression d’un syndicat, la DRH me proposa un marché : si j’acceptais de prendre un poste d’adjoint de chef de bureau, vacant depuis plus de trois mois pour cause de chef de bureau « difficile », et si je « tenais » 18 mois, alors j’obtiendrais le sésame pour partir en poste à l’étranger (sésame que tous mes camarades de promotion, plus jeunes, avaient eu depuis bien longtemps).

1 – Tahar Djaout

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En 2008, j’obtins donc mon premier poste à l’étranger. A l’été, je partis pour Cotonou, la capitale économique du Bénin, affectée au Service de Coopération et d’Action Culturelle (SCAC) de l’ambassade de France. Je m’occupais des boursiers béninois envoyés en France pour des stages ou des formations, des missions de Français effectuées au Bénin, des invitations de Béninois en France, de l’organisation de concours, d’examens. Je découvrais un service tenu au fil de l’eau, où des placards dégorgeaient littéralement de dossiers en vrac, parfois en double ou triple exemplaire. Je détectais des « anomalies » : des bourses d’études attribuées depuis 6 ou 7 ans sans justificatif quand le maximum était fixé à 3 ans pour une thèse. J’accumulais les heures de travail et j’entrais par dizaines des dossiers dans des bases de données, j’organisais des concours, je recevais des étudiants en partance… Depuis que j’avais rejoint le ministère des Affaires étrangères, après une première vie professionnelle chez France Telecom, les appréciations de ma hiérarchie étaient élogieuses: « elle a toute la confiance de son supérieur hiérarchique qui apprécie la qualité de son travail ». Ce dernier soulignait « une compétence remarquable et un dévouement exceptionnel » ainsi que des « qualités relationnelles appréciées ». J’étais « un excellent agent qui a un fort potentiel dans de nombreux domaines » avait estimé mon dernier supérieur avant que je ne quitte la France pour le Bénin (2). L’évaluation du Conseiller de Coopération et d’Action Culturelle (COCAC) à la tête du SCAC de l’ambassade, en mai 2009, était de même nature.

Il écrivit ainsi de moi : « elle s’est rapidement et fortement investie dans ses nouvelles fonctions à la tête du bureau des bourses, missions, invitations, ainsi que des concours et examens. Elle marque constamment son souci d’améliorer les outils pour plus de transparence et d’efficacité. Elle inscrit également son action dans le souci de faire des bourses, missions et invitations et concours et examens un instrument performant au service de notre politique culturelle et de promotion de l’enseignement supérieur tant français qu’africain ».(3)

Je ne tardai pas à percevoir une ambiance générale au sein de l’ambassade étrangement délétère. A deux reprises, au cours de l’année, le COCAC me demanda de témoigner par écrit des scènes de menaces dont j’avais été témoin dans le cadre professionnel. Il semblait inquiet. Chacun pouvait constater la politique d’humiliations publiques que l’ambassadeur menait à son égard. Ainsi, privé de sa voiture de fonction, il n’avait comme ressource pour se rendre à des manifestions officielles et représenter la France que le recours à l’estafette de l’ambassade ou à un mototaxi local. Moi-même, je me trouvais confrontée à une violence qui ne disait pas son nom. Des menaces répétées (4), des rumeurs relevant de la calomnie (5). Elles émanaient de la hiérarchie de l’ambassade. Mes collègues du service étaient d’accord pour considérer qu’elles étaient liées à la personne du conseiller qui était ainsi visé. La première année au Bénin se passa ainsi, caractérisée par un énorme investissement dans mon travail. Et puis, il y eut un évènement que je qualifie de piège tendu par l’ambassade. J’y tombai à pieds joints.

2 – Compte-rendu de l’entretien professionnel 2008, ministère des Affaires étrangères, 16 juin 2008.

3 – Compte-rendu de l’entretien professionnel 2009, ministère des Affaires étrangères, 13 mai 2009.

4 – Pour m’être occupée d’un boursier accidenté (août 2008), pour avoir signalé les menaces de représailles physiques du compagnon d’une contractuelle, proche de l’ambassadeur, qui m’avait escroquée (octobre 2008. Plainte en France), pour avoir refusé de payer un policier et un tiers à l’occasion d’un banal racket de rue devant témoins (octobre 2008, rapport de mon assurance)…

5 – Je cite le médecin de prévention du ministère : « des rumeurs circulent notamment sur des épisodes d’alcoolisation et de prises de benzodiazépines intempestives », sa note du 1er juillet 2009 à l’attention du psychiatre mandaté pour le ministère suite ma supposée tentative de suicide évoquée plus loin. Il y aura aussi les accusations par l’ambassadeur « d’espionnage au bénéfice de la Présidence de la République béninoise (mails de septembre 2009 à mon syndicat et mes avocats). Un interprète du président béninois, «d’ami » avant l’été 2009 était devenu mon « amant » (mail du 18 octobre 2009 à mes avocats)…

A suivre

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Il y a quelques années Vincent Jauvert avait écrit « La face cachée du Quai d’Orsay »

On pouvait lire !

Petits trafics

On apprend ainsi que l’ambassadeur de France à Madrid, Bruno Delaye, est soupçonné d’avoir loué à de grandes sociétés les somptueuses salles de réception de sa résidence pour 90 000 € versés sur son compte bancaire personnel. Il a fait l’objet d’une enquête mais n’a écopé que d’un blâme, et a été vu dans des voyages officiels avec François Hollande. Le représentant au Luxembourg et son épouse, M. et Mme Terral ont eux déclaré deux fois plus d’invités présents aux réceptions à l’ambassade, donc obtenus deux fois plus de remboursements forfaitaires. Ils ont reconnu « des maladresses ». Mais comme la retraite approchait, l’ambassadeur a été déplacé à Paris.

Présumé pédophilie muté

Plus grave, un diplomate français en poste à New York suspecté de pédophilie qui a réussi à quitter précipitamment les USA en 2011 a été recasé au… service internet du Quai d’Orsay à Paris avant d’être exfiltré. « Tout cela reste en interne pour ne pas affecter l’image de la France », se désole un interlocuteur de l’auteur qui reconnaît qu’en matière de pédophilie pourtant, « le Quai « a mis fin à l’omerta qui régnait jusqu’aux années 2000 ».

Sur l’argent, l’enquête lève enfin quelques tabous. Ambassadeurs et consuls sont mieux payés que les ministres, les salaires fluctuant de 9 000 € à 24 000 pour le Yémen. Mais au moins, ceux-là travaillent. Car on apprend que le ministère comptait en 2008 « 238 ambassadeurs sur étagère ». Rémunérés mais sans affectation après avoir exercé dans tel ou tel pays. Beaucoup ont dépassé 55 ans. Pour désengorger cet effectif le quai d’Orsay a signé des chèques de pré-retraite de 80 000 à 100 000 euros !

Les nominations, par l’Élysée ou en interne, restent d’une grande opacité. Qui devient diplomate ? Des énarques, des lauréats de concours mais aussi une litanie de proches du pouvoir d’anciens conseillers de cabinets ministériels, de parlementaires, de copains de promotion ENA à recaser. Très pratiques pour cela : les ambassades thématiques comme celle « des relations avec la société civile », de « l’audiovisuel extérieur » ou de « l’Antarctique ».

Machisme et lobby gay

Enfin, l’enquête confirme la réputation qui colle aux Affaires Étrangères d’être un ministère divisé entre mâles machistes et lobby… gay.

Les premiers surnommaient jusqu’en 2012 une ambassade d’Asie la cage aux folles et déploraient la promotion de « jeunes femmes inexpérimentées au nom de la parité ». Pourtant, au palmarès des dérives et du machisme, le diplomate est dominé par… l’épouse de diplomates si on en croit le livre. « Comportement tyrannique avec le personnel », dépenses de prestige, harcèlement de conseillères qui déplaisent : la direction scrute autant le comportement de l’Ambassadeur que celui de sa ou son conjoint (les coming out se multiplient). Laurent Fabius a dû nommer un médiateur chargé de déminer les conflits. Après tout, c’est le boulot de ce ministère.

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