Archives de la catégorie ‘Tchad’

le monde à l'ENVERS

SOLDATS TCHADIENS

Cet échange de tir de force a fait deux blessés de chaque côté. Une enquête est ouverte pour essayer de déterminer l’origine de cet accrochage.

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Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, est arrivé samedi à N’Djamena, première étape d’une tournée qui le conduira aussi au Cameroun et au Niger, pour souligner « la solidarité » de Paris avec ses anciennes colonies face à Boko Haram.

M. Fabius doit rencontrer le président tchadien Idriss Deby Itno et visiter la base militaire française Kosseï, avant de s’envoler dans l’après-midi vers Yaoundé. »Dans la période actuelle qui est difficile, je viens montrer la solidarité politique et puis avoir une visite amicale avec des présidents que je connais bien », a déclaré le ministre dans l’avion le conduisant vers la capitale tchadienne.

« Nous sommes très inquiets de ce qui se passe » avec Boko Haram, alors que les attaques sanglantes du groupe islamiste armé nigérian ne faiblissent pas dans la région du lac Tchad, entre raids meurtriers, attentats-suicides et enlèvements, a-t-il dit.

Le Nigeria et ses voisins – Tchad, Niger, Cameroun et Bénin – se sont mis d’accord début février pour mobiliser 8.700 hommes dans une force multinationale de lutte contre Boko Haram. Plusieurs milliers de leurs soldats, à l’exception du Bénin, sont déjà déployés sur le terrain.

Pour M. Fabius, cette visite est l’occasion d’appeler à un soutien international – notamment financier – à ces opérations, qui devra être approuvé par l’Union africaine puis le Conseil de sécurité des Nations Unies.

« Du point de vue géographique, Boko Haram est beaucoup plus près de ces pays que du centre du Nigeria » au territoire immense, où le groupe armé est surtout actif dans le nord-est, a précisé le ministre, ajoutant que « c’est assez difficile à faire comprendre sur le plan international ».

Rendant hommage au Tchad, dont les troupes sont engagées depuis mi-janvier et qui combattent désormais les islamistes au Nigeria, le chef de la diplomatie française a souligné le « rôle très important » de N’Djamena.

« Lorsqu’il faut se lever (pour réagir aux agressions), il n’y en a pas 25″, a-t-il souligné, en référence aux récentes interventions tchadiennes dans des conflits dans lesquels la France était également impliquée, au Mali et en Centrafrique en 2013.

Selon M. Fabius, la France a quant à elle surtout un rôle de coordination entre les pays. « Nous aidons en matière de renseignement, de formation » et de logistique, a-t-il précisé.

« La France a une amitié traditionnelle avec l’Afrique, nous pouvons aider mais pas faire tout tout seuls (…) », a-t-il affirmé.

AFP

source: http://afriquenewsinfo.net/2015/02/22/boko-haram-laurent-fabius-a-ndjamena-pour-souligner-la-solidarite-de-la-france/

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PLUS:

Dans l’actualité

 

 

Vladimir Poutine et François Hollande à Moscou, le 6 décembre.

le monde à l'ENVERS

HOLLANDE POUTINE

Selon plusieurs sources concordantes, la véritable raison de l’escale de François Hollande à l’Aéroport International de Moscou du samedi 6 décembre 2014 serait l’arrestation à l’Aéroport International de Kano (Nigeria),  dans la nuit du vendredi 5 ou samedi 6 décembre , de plusieurs militaires français de l’opération Barkhane (1)

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The Russian Embassy in Nigeria said that Russian cargo plane recently detained by Nigerian authorities on suspicion of arms trafficking has been released and continued on Monday its planned flight to Chad.

MOSCOW, December 8 (Sputnik) — A Russian cargo plane recently detained by Nigerian authorities on suspicion of arms trafficking has been released and continued on Monday its planned flight to Chad, the Russian Embassy in Nigeria said.

The plane carrying two French helicopters and flying from the Central African Republic (CAR) to Chad was detained by Nigerian authorities on Saturday after an emergency landing in the city of Kano.

« The plane has left the Kano airport, the situation has been resolved…All formalities have been cleared, » Artem Romanov, the press attache of the embassy, told RIA Novosti in a phone call.

The detention of the plane caused controversial reports in the media concerning the cargo on board of the aircraft. On Sunday, the ambassador of France to Nigeria admitted French ownership of the helicopters noting that using chartered flights of different nationalities to transport military cargo was a standard international procedure used to reduce costs. Moving military helicopters between CAR and Chad was part of a French contribution to fighting terrorism in the region.

The ambassador also stated that « contrary to some press reports, there was absolutely no weapon, and no ammunition on board the aircraft » and that Nigerian authorities would let the plane fly on to Ndjamena in Chad.

http://sputniknews.com/africa/20141208/1015637424.html

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Solidarité Ouvrière

Jeune Afrique, 12 novembre 2014 :

Plusieurs manifestations ont eu lieu mardi dans trois grandes villes tchadiennes. À la grève des enseignants s’ajoutent les protestations contre les hausses du prix de l’essence et le mécontentement des élèves.

C’est la ville de Sarh, dans le sud du pays, qui a donné le ton, mardi 11 novembre. Dès 4 heures du matin, un tintamarre de casseroles a réveillé la ville. Le mouvement lancé par la section locale du syndicat des enseignants visait à protester contre le non-paiement des salaires et le prix trop élevé du litre de super (il oscille entre 500 et 1500 FCFA selon sa disponibilité).

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OK, Fine.

After months of negotiations, the government of Niger has authorized the U.S. military to fly unarmed drones from the mud-walled desert city of Agadez, according to Nigerien and U.S. officials.

This will be the second U.S. surveillance hub in Niger and third in the region.

It advances a little-publicized U.S. strategy to tackle counter-terrorism threats alongside France, the former colonial power in that part of the continent.

In Niamey, Niger’s capital, U.S. and French forces set up neighboring drone hangars last year to conduct reconnaissance flights over Mali, where about 1,200 French soldiers are trying to suppress a revolt from 2012. 

It is unclear whether the Pentagon will continue to operate drones from Niamey, about 500 miles southwest of Agadez, though some officials said it was unlikely. About 120 U.S. troops are deployed there at a Nigerien military base adjacent to the international airport.

The third drone base in the…

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maghreb« Quel intérêt l’Algérie aurait-elle à être une pièce du dispositif euro-américain visant à contrôler la Libye et le Sahel ? », s’interroge Omar Benderra*.

Pour lui, la responsabilité de l’incendie jihadiste dans la région doit être assumée par « ces dirigeants éclairés, qui préfèrent dépenser des centaines de millions de dollars pour bombarder des pays sans défense plutôt que d’investir dans le développement, dans une région particulièrement déshéritée ».

L’annonce par la presse d’une opération militaire d’envergure dans l’ouest libyen a retenu l’attention de nombreux observateurs. Pour la première fois de son histoire l’Armée Nationale Populaire (ANP) a quasi-officiellement franchi les frontières du pays en contravention formelle avec un des principes sacro-saints de la politique étrangère de l’Algérie. La seule dérogation à la doctrine de non-projection de forces militaires en dehors du territoire a été l’envoi de troupes en Egypte entre 1967 et 1975. Même s’il y a eu des incursions hors du territoire, celles-ci se caractérisaient par leur caractère humanitaire (comme dans les années 1970 quand il s’agissait de porter assistance aux populations sahraouies en grave danger) ou extrêmement ponctuel et très secret quand il fallait contrer les plans de démembrement du Nigéria lors de la guerre du Biafra. En dépit de vives pressions, les autorités d’Alger ont toujours refusé d’engager l’armée dans les conflits au Sahel. Il semble bien que cette réticence appartienne au passé. Depuis l’attaque du complexe gazier de Tiguentourine en janvier 2013 et la gestion désastreuse d’une crise qui avait débouché sur la mort de tous les otages et de leurs ravisseurs djihadistes, les dirigeants algériens sont contraints de réviser en profondeur leurs conceptions en matière de relations régionales et de défense.

La destruction du régime de Kadhafi en 2011 par La France sarkozyste appuyée par le Royaume-Uni et les Etats-Unis a créé une onde de choc de grande magnitude précipitant la déferlante djihado-sécessionniste au Nord-Mali et le démantèlement de l’Etat libyen. L’irrésistible avancée des commandos islamistes d’Ançar Eddine et du Mujao vers le sud du Mali et sa capitale Bamako a surtout justifié l’intervention militaire française de janvier 2013,visiblement préparée de longue date. Or, comme le montre le cours des événements, la présence militaire de l’ex-puissance coloniale et de ses supplétifs de la Françafrique ne suffit pas, loin de là, à ramener la paix et la sécurité dans une région immense où survivent dans une misère indescriptible des populations depuis longtemps abandonnées à des conditions de vie infrahumaines. Pour l’essentiel le sahel malien est une « zone grise » sans Etat ni administration. A l’évidence, la surveillance aéroportée des drones et des avions spécialisés pour être sporadiquement efficace n’est pas suffisante pour interdire les activités de groupes terroristes ou purement criminels qui sillonnent la région. Ces groupes peuvent compter sur le soutien d’une bonne partie des milices anti-Kadhafi qui régentent la Libye, notamment celles qui opèrent, conjointement ou de manière conflictuelle, au sud du pays.

Le bouillon de culture sahélien

La guerre « secrète » menée par l’Otan et l’armée algérienne

La guerre éternelle, avenir du Sahel ?

Qui est responsable du chaos sahélo-libyen ?

LIRE: http://www.maghrebemergent.info/contributions/opinions/item/38852-les-armees-francaise-et-algerienne-face-aux-djihadisme-sahelo-libyen-opinion.html

Cet article a été initialement publié dans une traduction arabe par Al Safir Al Arabi.

الاضطراب في ليبيا ومنطقة الساحل
من الانترنت

من الانترنت

تردّدت مؤخرا أخبار عن عمليات عسكرية واسعة النطاق تجري في غرب ليبيا، قيل أن قوات جزائرية تتولاها. وهذه هي المرة الأولى، منذ إرساله قوة مسلحة إلى مصر بين 1967 و1975، التي يخالف فيها الجيشُ الجزائري مخالفة صريحة مبدأ مقدسا من مبادئ سياسة الجزائر الخارجية وهو مبدأ عدم نشر وحداته خارج التراب الوطني. من الواضح أن القادةَ الجزائريين مجبرون على مراجعة عميقة لتصوراتهم في ما يخص مسألتي الدفاع والعلاقات الإقليمية منذ الهجوم على موقع تغنتورين الغازي في كانون الثاني/ يناير 2013 وإدارتهم الكارثية لهذه الأزمة التي كانت عاقبتُها موتَ كلّ الرهائن مع مختطفيهم «الجهاديين».

حرب سرّية

لقد تأتّى عن تدمير نظام القذافي في آب/ أغسطس 2011 مجموعةٌ من الهزات الارتدادية في المنطقة. فهو سرّع اجتياح الموجة الجهادية – الانفصالية الشمال المالي وتفكّك الدولة الليبية. وقد استُعمل تقدّم مجموعات «الكوماندوس» الإسلامية، أي مقاتلي «أنصار الدين» و«حركة الوحدة والجهاد في غرب أفريقيا» نحو عاصمة مالي، باماكو، كذريعةً بُرِّر بها التدخل الفرنسي في هذا البلد في كانون الثاني/ يناير 2013. لكن مجرى الأحداث فيه يدل على أن الوجودَ العسكري لفرنسا وللمؤتمرين بأمرها في مجال نفوذها إفريقيّاً ليس كافيا البتة لإعادة السلام والأمن إلى ربوع منطقة شاسعة لا إدارة فيها ولا دولة، يعيش سكانُها حياةً هي أشبه بالموت، في بؤس عصيٍّ عن الوصف. ومن البيِّن أن المراقبةَ الجوية التي تقوم بها الطائرات من دون طيار وغيرها من الطائرات المختصة، رغم ما تثبته من فعالية من حين إلى آخر، عاجزة عن منع نشاط المجموعات المسلحة التي تجوب المنطقة، الإرهابية منها والإجرامية المحضة. وتعوّل هذه المجموعات على دعم قسم لا يستهان به من الميليشيات التي أطاحت بالقذافي والتي تتحكم في مقاليد الأمور في ليبيا، وبخاصة منها تلك الناشطة في جنوب هذا البلد، سواء أكانت متصارعة أو متكاتفة مع بعضها البعض.

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loi-colonisationLe 27 août 1904, Marchand, le plus célèbre conquérant colonial français, envoyait une très longue lettre à Meynier dans lequel on trouve cet axiome à méditer : « aujourd’hui chefs illustres ou connus : il n’y a pas de meilleurs soldats que les criminels ».

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12 novembre 1898 : L’armée française entre dans Ouadougougou. 22 avril 1900 : Le drapeau français flotte sur le Tchad. 25 juillet 1900 : Le domaine attribué à la France entre Niger et Tchad devient le 3ème Territoire militaire. Comment cette conquête s’est-elle réalisée ?
Le texte ci-dessous s’appuie sur le livre que tout progressiste doit lire « Les fils de rois » basé sur une lecture rigoureuse des archives militaires.
1 Ouagadougou
En juillet 1898, le capitaine Voulet, chef du détachement chargé de marcher sur le Tchad, a prévenu par écrit ses supérieurs : « Il serait présomptueux de ma part de prendre quant aux régions à l’Est de Say d’autres engagements que celui d’assurer le succés ». Voulet, comme son second Chanoine, « tiennent des raisonnements sur les avantages de la terreur, prétextant que la guerre la plus « humanitaire », est la plus courte, donc la plus impitoyable. Ils avaient tous deux la prétention de gagner le cœur de leurs soldats en laissant libre cours à leurs plus bas instincts ».
Fin octobre 1898, en zone déjà colonisée, la troupe Voulet Chanoine stationne « à Ségou. Aucun nouveau commandant de région n’aurait cru bon de déroger aux coutumes de ses prédécesseurs. L’un d’eux eut six femmes attitrées dont cinq avaient de dix à quinze ans ». Comment les soldats se répartissaient-ils les femmes ? « La sélection s’effectuait ainsi : les femmes étaient rassemblées sur la place d’appel et, suivant son grade et son ancienneté, en commençant par les Européens, chacun choisissait la « moussa » qui lui plaisait… »
« Le 12 novembre, à 9 heures, le détachement entra dans Ouagadougou. Le retour de l’ancien conquérant pétrifia les indigènes… ». En 1896, « il faisait achever ses porteurs trop fatigués pour pouvoir aller plus loin. Blancs et Noirs de sa mission étaient tous des voleurs : les céréales et le bétail les attiraient. En plein jour, sur les grands chemins, dans les marchés et aux marigots, les uns après les autres, en riant, ils violaient toutes les femmes jeunes et gardaient les plus belles… Le jeune officier à la recherche de l’empereur Mog’Naba … faisait décapiter les vaincus quand il ne maniait pas la lame lui-même : les vaincus s’allongeaient devant lui et tendaient le cou, faute d’avoir su répondre. Partout, villages dévastés et incendiés signalaient son passage… Voulet avait fait tuer et éventrer des femmes enceintes dont il avait examiné, disait-on, à l’aide de sa canne ou de sa cravache, le contenu palpitant des entrailles. A Lergo… il avait fait décapiter quarante innocents ».
A Ouagadougou, la colonne prit le temps de grossir et de pourvoir à son ravitaillement : bœuf à bosse du Niger, moutons, chevaux, toiles, mil… « En quittant Koupéla le 24 novembre pour s’enfoncer dans le Gourma … Chanoine ne pouvait plus suivre la ligne télégraphique car sa construction avait déjà saigné le pays et il ne restait plus assez d’hommes valides pour porter plus avant la voix de la civilisation ». Il remonta donc vers Say et Sansonné-Haoussa.
2) Sansanné Haoussa
Le 5 janvier 1899, la colonne Voulet Chanoine campa à Sansanné Haoussa. A l’intérieur du campement, sur une île malsaine, « se trouvait le plus extraordinaire ramassis d’êtres humains : tout d’abord huit cents porteurs mossis parqués dans un espace entouré d’une haie d’épines. Puis les prisonniers capturés en cours de route, de Say à Sansanné Haoussa, ou lors des reconnaissances, entassés dans une autre enceinte ».
« La dysenterie rongeait les porteurs. Depuis qu’ils étaient sur ce tas de sable au bord du fleuve, ils avaient passé leurs nuits à trembler de détresse et de froid, nus, sans abri, sans même une couverture… Ils étaient, cela va sans dire sous-alimentés… Le docteur Henric les maintenait en quarantaine, car ils répandaient une odeur infecte ».
« Qu’on me foute la paix avec cette négraille ! hurlait le capitaine Chanoine… des porteurs ? Je vais vous en trouver, moi, des porteurs ! Il était aussitôt parti avec ses cavaliers. Quand ils étaient rentrés, ils ramenaient une centaine de gaillards hébétés. Ils avaient aussi pris quelques femmes, comme ça, pour se changer les idées ».
« Les razzias opérées dans les villages pour se procurer des porteurs se multiplièrent. A ses tirailleurs, Voulet avait appris à mettre un point d’honneur à rapporter le plus gros butin possible, le plus grand nombre de femmes, et surtout de réserve de mil ou de riz. .. quatre vingt prisonniers furent attachés au moyen de lanières qui les étranglaient presque. Ceux qui faiblissaient ou refusaient d’avancer étaient abattus. ».
« Le 9 janvier, le chef des Kourteï contemplait, impuissant, les cadavres de cent un hommes, femmes, enfants percés de coups de lance et de baïonnette… Sur les ordres de Voulet, les tirailleurs avaient rapporté les mains ou les têtes des ennemis, afin que l’on puisse contrôler, preuves à l’appui, les chiffres qu’ils avançaient ».
« Le sort de Sansanné Haoussa fut décidé. On commença par s’y fournir régulièrement et gratuitement, en légumes, en mil, en volailles et en poissons. Ensuite, quand les greniers et les jardins furent vides, que l’or se fit plus rare, on s’en prit aux jardiniers, à leurs enfants et, bien évidemment aux femmes. Celles-ci payèrent un lourd tribut. On en pendit quelques-unes, puis d’autres encore, enfin quelques dizaines après en avoir largement usé par escouades entières ».
3) La colonne en marche
« Le vendredi 13 janvier, la saison sèche commencée, l’armée passa de l’autre côté du fleuve pour marcher au Nord-Est. L’immense caravane occupait un front de plusieurs kilomètres… au centre du dispositif avançait le convoi des animaux de bât ainsi que le gros des porteurs… à droite marchaient les femmes ; elles allaient pour la plupart dans le plus simple appareil, portant sur la tête les ustensiles de cuisine et la vaisselle… A gauche, les troupeaux piétinaient ; des bergers foulbés, enlevés avec leurs bêtes, menaient bœufs, vaches, veaux et quelques chèvres… »
« Derrière la colonne, le long du Niger, de grands bâtons étaient plantés dans le sol. Des pécheurs, autrefois, y auraient mis leurs filets à sécher. Désormais, fichées au sommet de ces pieux, c’étaient des têtes qui pourrissaient au soleil, dévorées par les mouches… Liboré dut fournir chevaux, moutons et bœufs, ses habitants avaient été massacrés et les hameaux alentour incendiés ».
« La marche sur Hamdallaye fut terrible. La colonne s’étirait sous un soleil brûlant… en zone sahélienne… Quand un porteur venait à faiblir, un unique avertissement lui était signifié, sous la forme d’une grêle de coups. Inévitablement, le malheureux chancelait quelques mètres plus loin. Un coup de sabre ou une balle de révolver marquait pour lui la fin du voyage… A l’avant, Voulet ne daignait même pas se retourner sur ce piètre spectacle ».
« Hamdallaye fut pillé et brûlé après que les hommes exaspérés eurent massacré vingt cinq femmes et enfants. Voulet systématisa la politique de la terre brûlée : le 25 janvier, il dépêchait Peteau avec l’ordre de tout détruire dans un rayon de quinze kilomètres jusqu’au moindre grain de mil ».
« Le 27, la mission déboula à Dounga. Le soir, autour des feux, puis plus tard sous les tentes, ce fut à nouveau la bamboula. On fit ripaille, on se « maria »… Le nombre de femmes « autorisées » était passé de deux cents à huit cents, peut être mille »…
4) Les autorités françaises informées par plusieurs rapports
En avril 1899, la colonne Voulet Chanoine ravageait le centre du continent depuis déjà 6 mois. « La terre d’Afrique bruisse de mille échos ». Des rapports en informaient les autorités françaises comme celui du commandant Crave le 19 mars ou de « Monsieur Peteau » début avril. Le 17 avril, un rapport de Melle Corvin parvint au ministère des Colonies. Jusqu’à présent, le gouverneur du Soudan temporisait : « la prudence conseillait d’attendre les révélations verbales du commandant Crave, de faire la part des inexactitudes, des témoignages de deuxième main, de ne pas accuser Voulet à la légère ». Le 18 avril, il reçut un deuxième rapport du capitaine Granderye. Il affirmait que Voulet justifiait les réprésailles par l’action de Touaregs belliqueux ; or, il n’y avait aucun Touareg dans cette région. Prétexte.
« C’est pour excuser ses meurtres, son pillage et ses incendies… L’esprit des populations est excellent puisque, après les pillages commis par la colonne Chanoine, au lieu de s’enfuir elles sont restées tranquilles dans leurs villages ruinés, se contentant de réclamer, et encore timidement… A Kakou, les habitants hommes et femmes ont été déshabillés et laissés entièrement nus. Tout le mil encore sur pied a été coupé et brûlé pour ne laisser aucune réserve aux habitants… Dans le Tarodi, les cadavres des porteurs tués par ordre commençaient déjà à jalonner la route suivie par la colonne… Sur la rive gauche, toute la région a été mise à feu et à sang. Beaucoup de villages ont été brûlés… A Sansanné Haoussa … environ quatre vingt dix à cent vingt femmes et enfants furent assassinés à coups de baïonnette parce que les femmes étaient trop vieilles et les enfants trop petits pour suivre la colonne… A Hamdallaye, brûlé et pillé, vingt-cinq femmes nues noires et de petits enfants ont été massacrés à coups de baïonnette… A Karma, le capitaine Chanoine fit réunir tous les hommes sous prétexte de faire un cadeau au chef ; il en emmena 40 et fit exécuter 50 autres… Quant aux porteurs, chaque fois que l’un d’eux ne peut plus suivre, on l’abat à coups de sabre ou de baïonnette pour économiser les balles… A Say, une vingtaine de cadavres abandonnés ont été seulement jetés dans un bouquet d’arbustes… »
Les autorités françaises décidèrent alors d’envoyer une deuxiéme colonne dirigée par le colonel Klobb pour faire un constat sur l’action de la mission Voulet Chanoine. Cette unité aussi, va avoir besoin de porteurs et de nourriture ; cependant, ses rapports, aussi froids et neutres soient-ils, nous donnent aujourd’hui des informations irremplaçables.
5) La mission Voulet Chanoine Joalland à Birni n’Koni
Le 9 mai 1899, la troupe continua sa mission en direction du Tchad. Elle atteignit ainsi Birni n’Koni dont quelques « guerriers » essayaient de protéger l’accès à l’aide de flèches et de pavés. Les boulets de canon de Joalland en vinrent aussitôt à bout. Les habitants quittèrent la ville. « On les laissa sortir, les gens de Birni n’Koni. Pour peu, ils auraient cru que le salut se trouvait au bout de cette course effrénée. Mais Voulet les attendait. Les femmes et les enfants d’abord. Puis, les vieux, armés de leurs bâtons, les « chibanis » et les aveugles… On sabra jusqu’à épuisement… »
« On suivit les survivants dans la ville… l’intérieur ressemblait à une taupinière, avec des rues couvertes, des maisons fraîches et propres construites autour de patios, avec des logements pour les femmes, des bains, des serviteurs, des écuries, des greniers pleins de bonnes choses… Les boutiques regorgeaient de marchandises et de tant de monde qu’on ne savait plus qu’en faire. Les tirailleurs n’en croyaient pas leurs yeux. Les gosses : un coup de crosse suffisait à les faire taire, leur crâne explosait comme une noix. Les femmes qu’on ne gardait pas, on leur enfonçait la baïonnette « par le trou qui est fait exprès » comme disait le sergent Laury ».
« Il suffisait de pousser une porte du pied pour se trouver devant un vieillard en longue robe blanche… Un coup de sabre ou de baïonnette et il tombait en blatérant comme un chameau. Derrière, dans le noir, il y avait la douzaine de paires d’yeux des enfants qui vous regardaient… Les gosses, on les tuait à coups de crosse. C’était facile. Puis on sortait les femmes dans la cour. Et si on en avait envie, c’était le moment. On les écartait, on les dépiautait ; l’affaire était faite ! On prenait ce qui avait été épargné par la vérole… Les autres, on les saignait comme des brebis. Les hommes, ivres de sang et d’enthousiasme, étaient épuisés. Toute la colonne de combat avait disparu dans la ville et se donnait du bon temps… »
« On fit asseoir cinq à six mille prisonniers au soleil, en attendant de les trier. On dressa un enclos au bord du fossé. Puis un autre encore, plus petit, pour les femmes… On avait capturé le sultan … Chanoine le fit jeter à ses pieds et lui cracha au visage… le fit raser complètement… lui arracha ses vêtements… lui donna lui-même plusieurs coups de cravache ».
« Le soir, on « dépucela » toutes les femmes. Cette fois, l’honneur en revient aux artilleurs, qui l’avaient bien mérité… Les artilleurs de Joalland artillèrent donc, sous les acclamations de leurs camarades… On fit ripaille… Tard dans la nuit, on vit des tirailleurs ivres morts, vautrés dans leur butin. On ne mangeait plus mais on buvait encore… Le lendemain, il fallut dégager les cadavres des ruines, des cours et des rues. Il fallut cinq jours pour venir à bout de cette tâche macabre… Une terrible chaleur régnait sur la ville. L’odeur était infecte. On jeta les cadavres pêle-mêle dans les fossés, avant de les recouvrir de terre. Sept ou huit mille, on ne savait plus très bien… Le 15 mai, quatre corvées détruisirent toutes les cases et les magasins à mil »… Le 23, les officiers Joalland, Henric (médecin) et Bouthel (dont la compagnie est chargée des femmes dans le convoi) signent le rapport : « Le sergent major Laury fera mettre le feu aux cases et aux magasins ».
Quand la mission quitta Birni n’Koni, le 24 mai 1899, la petite ville, située sur la carte 2°49’ de longitude et 13°46’35’’ de latitude avait cessé d’exister. Pendant ce temps, le colonel Vimard, gouverneur du Soudan, avait longtemps temporisé, craignant pour ses galons, pratiquant la rétention des informations. Le 28 avril, il se décida enfin à « expédier » l’affaire à Chaudié, gouverneur de l’Afrique occidentale.

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ne douloureuse illustration tirée de l’ouvrage La Gloire du Sabre de Vigné d’Octon (Flammarion, Paris, 1900), avec sa légende :

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Ainsi on alignait les têtes « comme à l’exercice »

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6) La colonne infernale
« Depuis Birni n’Koni, les deux chefs blancs s’étaient montrés d’une cruauté inouie. La terreur les précédait. Le 26 mai, on avait pris Darna… et brûlé, dans la foulée le village de Lalamé. Le 28 mai, on alla se divertir à Rima. Là, il y avait du monde, douze à quinze mille habitants… Pour fêter son départ du pays de Konni, la colonne Voulet Chanoine brûla Rima jusqu’à la dernière case. Le 29 mai, à Landazamé, on quitta la vallée du Goulbi n’Rima pour pénétrer dans le Gobir. Le 2 juin, la colonne entra dans Sabon-Birni… les habitants et leur chef avaient vidé les lieux. On y fit un long séjour. Chanoine, en mal de reconnaissance, châtiait ses hommes à tour de bras. Un jour, il condamna toute une section à recevoir vingt cinq coups de corde. De son côté, Voulet interrogeait et faisait décapiter les suspects les plus avares de renseignements… Le 23 juin la mission Afrique-Centrale était réunie au grand complet à Tibiri… Pour les soixante prisonniers locaux que Voulet avait sous la main … ce fut l’horreur ». Le 26 juin, Chanoine et Joalland campèrent à karangoni. Le lendemain, Chanoine déboucha sur Katiata. Le 30, Voulet le rejoignit.
« Tout au long du mois de juin, on avait baigné dans l’orgie. Chaque village, désormais, était mis à sac. On en était venu à ne plus savoir que faire des prisonniers. Captives et porteurs encombraient le convoi. Alors, on tuait. Systématiquement. On avait cessé de décapiter ; la force de l’habitude poussait les hommes à faire preuve d’imagination. On pendait, on assommait, on précipitait les corps dans les puits inutiles, on brûlait, on laissait pourrir les cadavres en plein champ. Une horde de chiens, sûrs de trouver leur pitance, suivait l’armée. La nuit, les hyènes venaient tirer les pendus par les jambes, attirées par cette excellente nourriture. Les cordes étaient longues, les arbres étaient bas. Le pendu mourait lentement, les pieds tournoyant à quelques centimètres du sol, espérant, jusqu’au bout, pouvoir enfin reprendre souffle et reposer les membres tétanisés. C’était un jeu.
« Le soir devenait morne à la popote des officiers. Voulet avait souvent des crises d’apathie… Chanoine souffrait épisodiquement de dysenterie… Il ne tenait plus de registres, ne noircissait plus de colonnes… Le 1er juillet, le détachement de combat se présentait à Koran-Kalgo… Chanoine fit exécuter des « prisonniers » : cent cinquante femmes et enfants. Le 7 juillet, la colonne de combat fit une reconnaissance vers Magarya, puis Guidam-Boultou.
7) La colonne Klobb- Meynier à la poursuite de la colonne Voulet Chanoine Joalland
« A partir de Lougou et Tongana », cette deuxième colonne constate de visu le passage de la première, assez peu de temps auparavant : des « objets divers abandonnés », des « villages incendiés » et des « ossements humains épars ». « Sur leur route, ce n’était plus que villages brûlés ou ruinés : Doundahé, Diuoane, Koulti, Bazaga »…
Le 26 juin, ils parviennent à Birni n’Koni où le colonel Klobb note que Voulet Chanoine et Joalland ont tué là « mille hommes ou femmes, pris les sept cents meilleures femmes, les chevaux et les chameaux ». Le lieutenant Meynier précise entre autre que des fosses communes, il a vu surgir « de ci de là, des débris humains sur lesquels s’exerçait la faim de grands chiens efflanqués ». ils remarquent tous deux que les fossés « avaient été remblayés pour servir de fosses communes ».
De Birni n’Koni à Gollelé « les villages étaient toujours désespérément vides, dévastés, brûlés, pillés de leurs vivres ». Le 3 juillet, la troupe quitta la forêt. « Les rives du Goulbi n’Sokoto étaient défrichées et, au milieu de très riches cultures, les voyageurs découvrirent de nombreux villages. Il n’en restait plus que des ruines. Comme les autres, Sabon birni avait été dévasté »… Le 5 juillet, après le passage dans Aragourni, Klobb nota froidement : « Voulet brûle tout exactement… les habitants terrorisés par son passage s’enfuient généralement en me voyant venir »…
Le 6 juillet on découvrit les cendres de Tibiri où le rapport note « Immense village avec beaucoup de vides ; complètement brûlé… Femmes pendues ». Klobb et Meynier font une sinistre découverte « des cadavres de dizaines de femmes pendues dans les bosquets environnants »…
11 juillet. La colonne atteignit Koran-Kalgo. « Horreur indicible ». « Arrivée dans un petit village brûlé rempli de cadavres. Deux petites filles se balancent au bout d’une branche (colonel Klobb). »
Les péripéties de la rencontre entre la colonne Klobb Meynier et celle de Voulet Chanoine Joalland n’ont pas d’intérêt ici. Notons seulement que les deux sont rassemblées sous les ordres de Joalland pour continuer la marche victorieuse vers le Tchad.
8) La colonne Joalland parvient au Tchad
Le regroupement des deux colonnes fournit une force militaire apte à apeurer toute l’Afrique Centrale . C’est ainsi que l’ancien sultan de Zinder qui avait résisté à une expédition française précédente fut décapité par la colonne Joalland, sa tête piquée au bout d’une haute perche. Quatre autres exécutions suivirent. « Ce geste d’autorité eut pour effet immédiat d’amener les petits chefs locaux à faire allégeance au nouveau sultan. Celui-ci prit « l’engagement d’approvisionner la garnison de Fort Cazemajou, femmes, serviteurs, esclaves et troupeaux compris ».
Le 13 octobre 1899, Joalland, Meynier et leur colonne atteignirent les rives du Lac Tchad à Ouidi. Joalland en rendit compte immédiatement : « Notre drapeau flotte sur les rives du Tchad… Notre mission a réussi complètement. Je suis fier d’être le chef de cette troupe qui se prépare à la conquête du Kanem ». La colonne, sans autre but précis que s’emparer du Tchad, commença par faire le tour du lac. Les Français s’emparèrent successivement de Nguigmi au nord, de Ngouri au nord est, puis de la rive sud est du lac. Pendant ce temps, la mission « saharienne » de Fernand Foureau et du commandant Lamy « pacifiait » définitivement les territoires traversés par les troupes françaises qui les avaient précédés.
Durant le mois de décembre, la colonne Joalland marcha vers le Sud pour faire sa jonction avec la colonne Gentil qui, selon toute vraisemblance, remontait du Congo. A la veille de Noël 1899, des troupes furent détachées sous les ordres de Meynier pour conquérir le Baguirmi (région entre l’erguig et la route d’Abéché) » ; loin vers le sud elles atteignirent Bousso puis Sahr. Le 3 janvier 1900, « pour fêter le nouveau siècle, Joalland prit Mao, à cent kilomètres au nord du lac », avant de revenir faire sa jonction avec Meynier à Guilbeï..
Le 22 avril 1900, la prise de Rabah (six kilomètres au nord de l’actuel N’Djamena) terminait la conquête du Tchad. « Un des tirailleurs de Joalland abattit le sultan dont la tête fut tranchée pour être exhibée aux vaincus. Meynier reçut une nouvelle blessure aux jambes ».
Le 7 décembre 1900, la Chambre des députés enterra l’affaire Voulet Chanoine. Une écrasante majorité de quatre cent neuf voix s’éleva contre la constitution d’une commission d’enquête. Le 25 juillet 1900, le domaine attribué à la France entre Niger et Tchad devint le 3ème Territoire militaire.
Le 27 août 1904, Marchand, le plus célèbre conquérant colonial français, envoyait une très longue lettre à Meynier dans lequel on trouve cet axiome à méditer : « aujourd’hui chefs illustres ou connus : il n’y a pas de meilleurs soldats que les criminels ».

http://tchadonline.com/index.php/colonisation-francaise-du-niger-et-du-tchad-par-la-colonne-voulet-chanoine-joalland-un-crime-contre-l%E2%80%99humanite/

http://www.gauchemip.org/spip.php?article103

LIRE aussi:http://ldh-toulon.net/la-colonne-infernale-de-Voulet.html

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