Rob Wainwright dote Europol d’une unité pour contrer l’Etat islamique sur Internet
Une quinzaine de policiers seront affectés à cette cellule chargée de cibler les comptes les plus influents
Les faits – L’office européen de police criminelle a annoncé lundi la création d’une nouvelle unité dont la mission sera de procéder à la fermeture de certains comptes utilisés par les partisans du groupe Etat islamique sur les réseaux sociaux pour diffuser leurs messages et recruter des combattants.
Il y aura bientôt des policiers européens pour traquer et supprimer les contenus djihadistes sur Internet. Dès le mois prochain, une unité composée d’une quinzaine de fonctionnaires de l’office européen de police criminelle va être mise sur pied pour tenter d’enrayer la machine de propagande des groupes terroristes, en particulier celle de l’Etat islamique. Le Britannique Rob Wainwright, directeur d’Europol depuis 2009, espère avoir un «impact stratégique» en parvenant à éliminer des réseaux sociaux les «comptes influents», grâce à la surveillance des communications en ligne mais également en la recoupant avec «les renseignements qui nous viennent de sources plus traditionnelles», a t-il expliqué. Une mission ambitieuse à bien des égards.
Le premier écueil auquel vont devoir faire face les cyberpoliciers est la production impressionnante de contenus qui relèvent de la propagande djihadiste. «Nous parlons de dizaines de milliers de comptes d’utilisateurs actifs dans cet espace», a souligné Rob Wainwright. En mars, le think tank américain Brookings Institution estimait qu’il y avait entre 45 000 et 90 000 profils Twitter soutenant l’Etat islamique et produisant un total de près de 100.000 tweets par jour. Deuxièmement, les agents d’Europol ne pourront pas procéder eux-mêmes à la fermeture des comptes incriminés sur les réseaux sociaux. C’est pourquoi l’unité d’Europol travaillera en collaboration avec les entreprises du secteur, au premier rang desquelles figurent Twitter et Facebook, même si Rob Wainwright s’est refusé à les nommer. La réalité de cette collaboration sera l’un des points clé du dispositif, les deux poids lourds rechignant à adopter une démarche proactive concernant la suppression de contenus et de comptes d’utilisateurs comme l’explique à l’Opinion le chercheur Marc Hecker.
Les dirigeants européens dénoncent régulièrement ce qu’ils considèrent comme un manque d’implication des hébergeurs dans la lutte contre les messages de haine sur le Web. En France, la plate-forme de signalement du ministère de l’Intérieur, baptisée Pharos, affirme pourtant entretenir «des contacts privilégiés» avec eux. Pas assez aux yeux de Bernard Cazeneuve qui s’est rendu en février dans la Silicon Valley avant de réunir en avril les représentants des principaux opérateurs.
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