Je suis sûr qu’on va bientôt entendre le solitaire et courageux Henri Guaino hurler à l’injustice et soutenir contre toute évidence que la garde à vue est une mesure trop humiliante pour un ancien président irréprochable comme Nicolas Sarkozy !
Mais qui peut soutenir, à la suite de cette garde à vue de Nicolas Sarkozy à Nanterre dans cette affaire de violation du secret de l’instruction et de trafic d’influence, être véritablement habité par une stupéfaction civique (France Info, BFM TV, I Télé, LCI) ?
Tout ce qui a surgi de délétère du quinquennat de Nicolas Sarkozy, depuis que sa défaite a permis de le mettre au jour, tout ce qui apparaît, régulièrement, de trouble dans cette période où l’ancien président joue la discrétion ostensible en espérant être le sauveur de la France au lieu de se préoccuper d’être d’abord le sien, n’ont pas manqué d’alerter le citoyen de bonne foi.
Il ne tombe pas des nues puisque Nicolas Sarkozy est sans cesse, de son fait d’hier et d’aujourd’hui, au coeur du débat public en ce qui concerne les exigences de l’état de droit.
Cette garde à vue est une « première » pour un ancien président de la République mais celui-ci, à cette échelle et avec cette intensité, est également un « premier » pour les transgressions au moins présumées de l’éthique présidentielle et de la morale publique. On n’a jamais fait « pire » avec cette constance et cette fréquence.
Nicolas Sarkozy est comme tout le monde: on verra ce qu’il adviendra de lui après ces 24 heures ou 48 heures de garde à vue. Normalité procédurale donc qui manifeste un progrès mais dont je conçois que les ignorants ou les inconditionnels – ce sont parfois les mêmes – s’émeuvent.
Espérance démocratique enfin.
Si toutes ces casseroles aux basques de l’ancien président s’incarnent en culpabilité judiciaire, si ces soupçons si plausibles à force d’être multipliés et étayés sont confirmés par des preuves, je forme le vœu qu’enfin les transgressions ne soient plus une prime, la malhonnêteté une aubaine et l’absence de rectitude et d’exemplarité un bénéfice.
Il serait temps que la France se hissât à la hauteur des principes qu’elle proclame abstraitement pour n’avoir jamais à les rendre opératoires.
Nicolas Sarkozy est traité comme tout le monde. Au fond rien de surprenant dans cette banalisation qui prend acte d’une hauteur dévoyée.
Philippe Bilger
Quelques-uns des innombrables commentaires:
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Que Nicolas Sarkozy soit traité en citoyen normal, il n’y a là rien à redire. Devons-nous pour autant en conclure que cette action témoigne « d’une liberté et d’une indépendance » enfin retrouvées par la Justice sous la présidence de François Hollande ? Permettez-moi, M. Bilger, de ne pas en être totalement convaincu. En des circonstances qui servent parfaitement ses intérêts, le pouvoir actuel peut mettre autant de zèle à pousser l’action de la Justice que celui d’hier a mis d’ardeur à la freiner.
Ce dont par contre je suis convaincu, c’est que cette nouvelle péripétie s’ajoutant à celles déjà survenues et à l’incurie du pouvoir en place depuis plus de deux ans, ne fait qu’accentuer le discrédit de notre classe politique aux yeux d’une grande majorité de citoyens.