Safaris, objets d’art, bijoux, maroquinerie de luxe et restaurants payés avec des cartes bancaires professionnelles: le dernier scandale judiciaire en date en Espagne touche quelque 80 personnalités de la classe dirigeante, y compris l’ex-patron du FMI Rodrigo Rato dont l’inculpation a été confirmée jeudi.
L’ex-directeur général du Fonds monétaire international (2004-2007) a été auditionné pendant environ deux heures jeudi après-midi par le juge Fernando Andreu de l’Audience nationale, la juridiction chargé des affaires financières à Madrid. Il a été accueilli à son arrivée par des manifestations qui l’ont traité de «voleur».
Le juge, après avoir confirmé son inculpation pour infraction au droit des sociétés, lui a donné trois jours pour verser une caution de trois millions d’euros, faute de quoi ses biens pourraient être saisis, a indiqué une source judiciaire.
Fernando Andreu a aussi entendu l’ex-directeur financier de Caja Madrid, Ildefonso Sanchez Barcoj, et l’ex-directeur de Caja Madrid de 1996 à 2009, Miguel Blesa. Rodrigo Rato lui avait succédé au moment où Caja Madrid fusionnait avec six autres caisses d’épargne pour donner naissance à Bankia en 2010.
M. Barcoj s’est défendu d’avoir mis en place ce système de cartes bancaires occultes et a expliqué au juge que l’argent dépensé l’a été uniquement pour des frais de représentation, selon une source judiciaire. M. Rato, qui aurait dépensé 99.000 euros, a lui déclaré qu’il considérait que l’usage de ces cartes faisait partie de sa rémunération et que les sommes tirées étaient déduites de son salaire, selon une source judiciaire.
Miguel Blesa, lui, doit régler une caution de 16 millions d’euros.
Le scandale éclabousse aussi bien la classe politique que des responsables syndicaux et du monde économique, mettant notamment en difficulté le Parti populaire (PP) au pouvoir (conservateurs), dont est issu Rodrigo Rato.
Il suscite aussi l’indignation dans un pays où un quart de la population active est au chômage et tombe mal pour le gouvernement près d’un an avant les prochaines élections générales.
Le chef du gouvernement, Mariano Rajoy a assuré mercredi avoir fait «tout ce qu’un gouvernement doit faire» dans cette enquête, qualifiée par le petit parti Izquierda plural (Gauche plurielle) de la plus grande faute de la démocratie».
– De grosses sommes d’argent retirés en liquide –
Quatre-vingt-six dirigeants et membres du conseil d’administration ont reçu entre 1999 et 2012 des cartes de crédits de Caja Madrid puis de Bankia et 83 d’entre eux les ont utilisé pour des achats d’un total de 15,5 millions d’euros.
Dans le cas des dirigeants, ces cartes «B», le nom donné par la presse, venaient s’ajouter à leur carte de crédit professionnelle officielle. Les membres du conseil d’administration, eux, ne disposaient que de cette carte pour payer leurs frais de représentation, selon une source proche du dossier.
Mais dans certains cas, leurs bénéficiaires s’en sont servis pour bien d’autres choses. Miguel Blesa, avec un salaire annuel d’environ trois millions d’euros, s’est offert des safaris en Afrique pour 9.000 euros et a dépensé 10.000 euros en vin, rapporte la presse.
D’autres ont retiré des centaines de milliers d’euros en liquide, acheté des bijoux, des vêtements de luxe, de l’électro-ménager, réglé restaurants et hôtels avec ces fonds dont l’origine reste inconnue, détaillent les journaux.
Certains ont remboursé les sommes dépensées. Les démissions se sont multipliées.
Rodrigo Rato a, lui, rendu près de 55.000 euros, sur 99.000 euros, selon un audit interne mené par Bankia. Cet audit a été transmis au parquet, entraînant l’ouverture d’une information judiciaire.
L’affaire pourrait coûter à l’ancien ministre de l’Économie ses postes actuels de conseiller dans plusieurs grandes entreprises. Il n’a cependant pas pour l’instant été écarté du PP, qui a créé une commission interne pour décider de l’avenir de ses 16 membres mis en cause. Le parti socialiste PSOE a fait le ménage en expulsant dix de ses membres.
L’ex-numéro un du FMI est aussi mis en cause dans un autre volet judiciaire touchant à Bankia. Il est poursuivi pour escroquerie, détournement de fonds et falsification des comptes lors de l’entrée en Bourse de la banque en juillet 2011.

Jamais deux sans trois… indécents financiers, empêtrés dans des malversations financières, et donneurs de leçons aux gouvernants de la planète…
sources:
http://resistanceinventerre.wordpress.com/2014/10/20/cartes-bancaires-occultes-en-espagne-rodrigo-rato-ex-patron-du-fmi-inculpe/
http://www.liberation.fr/monde/2014/10/16/espagne-rodrigo-rato-ex-patron-du-fmi-convoque-dans-un-scandale-aux-cartes-bancaires_1123385